"Mexicánicos ", le "top gear" région 4

En ces temps de confinement, le zapping est devenu un sport à haut risque!... Le risque de tomber sur des perles telles que Mexicánicos : un programme de télé réalité à la sauce piquante de Guadalajara. Irréductibles de Top Gear, vous allez savourer en direct le génie mécanique mexicain. Pour les autres, passez votre chemin!

En 2015, la chaîne payante Discovery en Espagnol lance une nouvelle émission adressée à un public bien ciblé : les fans de mécanique et de grosses bagnoles. Mexicánicos retrace les exploits d'une équipe de mécanos un peu dingos qui intervient sur des voitures récupérées et les transforme en des modèles uniques, au gré des souhaits les plus fous. Dans son atelier, à Guadalajara, Martín Vaca règne en maître et mène son équipe à la baguette.

Et, ils s'en donnent à coeur joie, ces bricoleurs, à scier en deux une jaguar pour la transformer en limousine, ou à imaginer une voiture piscine! Pour combler les désirs de leurs clients, les mécanos de Guada n'hésitent pas à commander les pièces manquantes dans le monde entier, à inventer une "bici-bar" pour une marque de téquila, ou à construire de rien une pick up sur mesure pour un avocat un peu trop enrobé. Le spectateur suit le processus de transformation et transpire à grosses goutes, à l'instar de l'équipe, lorsqu'un problème se présente. Le doute est, au départ, bien permis. En effet, les risques semblent extrêmement élevés de finir avec une Mercedes ou un Hummer Limousine - grands classiques des fêtes de 15 ans - rafistolés ou raccommodés avec des bouts de tôle apparents. Mais ce serait sans compter sur le génie mécanique mexicain et les résultats sont épatants. Même sans niveau de testostérone conséquent, on se prend à vouloir caresser l'un de ces petits bijoux.

Truculent à souhait, la moustache de mise, monsieur Vaca pourrait bien être l'archétype du macho mexicain et, ainsi, faire échos aux pulsions les plus secrètes des masculinités en berne. Le mélange est simple mais efficace: des bagnoles, des gros cilindres, de la puissance et le rêve de tout petit garçon, une voiture unique, sur mesure. Et puis, il y a les éléments de langage! Martín Vaca est une encyclopédie sur pattes de l'argot mexicain, un vrai délice pour les linguistes patentés. Il utilise sans retenu les surnoms, grande coutume mexicaine, et ne connaît pas le politiquement correct. Ainsi, dans une scène d'anthologie, peste-t-il - sans censure aucune - contre sa femme et sa belle-fille qui ont eu la curieuse idée de l'accompagner, lui et son fils, dans un voyage en Ford T, qui les mènent de Guadalajara à la Floride.

Des références multiples et hétéroclites qui vont apparemment droit au coeur d'un nombre toujours plus grand d'aficionados (un million sur Facebook, tout de même)! Les artistes invités défilent, en tout premier lieu les chanteurs à succès de norteñas ou de corridos (musique mexicaine de type country, surtout diffusée dans le nord du pays). Vaca, pour sa part, n'est pas en reste. On se demande d'ailleurs s'il n'est pas acteur avant d'être ingénieur mécanicien, même s'il déclare "si pour certains c'est un hobby, pour moi c'est toute ma vie" (la transformation des voitures, on l'aura compris). Spoiler Alerte! Les machos mexicains pleurent et pas seulement en cachette.

Le spectateur se surprend parfois à regarder un "infomercial" avec un moustachu qui essaie de nous vendre une voiture d'occase, mais les séquences s'enchaînent et l'immersion dans un atelier mécanique où les employés bossent dur est particulièrement bien réussie. La musique tire vers ZZtop et nous fait presque croire que nous allons nous retrouver sur le plateau de l'émission anglaise Top Gear. Sauf que quand le téléphone sonne, c'est un "Siiiiii Buuuueno" qui nous ramène à la télé-réalité région 4.

Si vous êtes allergiques aux interjections constantes ("wey") ou à un monde bourré de testosterone, reprenez sans hésiter votre zapping de quarantaine...