"Le Mexique fracasse le mur des États-Unis". Semaine du 8 au 14 juillet 2019
Le titre n’est pas de nous, mais de SoFoot. Par déduction, vous comprendrez donc qu’il ne rapporte pas l’issue d’une opération surprise lancée par le ministre mexicain des affaires étrangères, mais qu’il célèbre la victoire du Mexique contre les Etats-Unis en finale de la Gold Cup, le grand tournoi régional de football organisé tous les deux ans par la Confédération de football d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes (CONCACAF)*.
1-0 pour le Mexique, c’est le score de ce match qui s’est disputé dimanche dernier de l’autre côté du mur, à Chicago. SoFoot raconte les deux mi-temps et les actions décisives avec la passion des « aficionados » et un style on ne peut plus imagé. Nous ne résistons pas à vous proposer un petit résumé de cette rencontre vue par l’équipe de SoFoot. « Tenants du titre, les États-Unis comptent bien garder leur couronne devant leur public ». Toutefois lorsque les Mexicains « finissent par poser le pied sur le ballon », « la team USA » n’a d’autre choix que de se mettre « en mode contre-attaque ». Malheureusement pour elle, son attaquant Jordan Morris rate sa chance et « tire à côté ». Peu après le début de la seconde mi-temps, le tapatío Andrés Guardado tire un coup franc qui, lui, sonne « la révolte des Mexicains ». l’attaquant Raúl Jiménez réalise alors une « magnifique talonnade », qui permet à son co-équipier Jonathan dos Santos de marquer un « amour de frappe sous la barre » (entendez LE but de la rencontre). « Refusant de se laisser couler sans rien faire », les USA adoptent in extremis « l'option attaque de folie ». Mais rien n’y fait. Les mexicains sont en pleine forme et le goal Héctor Moreno « sacrifie même sa trogne pour empêcher Cristian Roldan de marquer »… « Peu importe la marque du ballon sur son visage », poursuit la plume de SoFoot, « le défenseur de la Real Sociedad a le sourire. Il peut, son Mexique vient de remporter la onzième Gold Cup de son histoire »…
A l’opposé de la verve de SoFoot, la synthèse du site sportif belge La Dernière Heure est un exemple de sobriété : « Dominés en première période, les Mexicains ont réussi à émerger en fin de rencontre grâce à une réalisation signée à la 73e minute par Jonathan Dos Santos d'une frappe sous la transversale ». Et voilà, vous savez tout… ou presque. Car en continuant la lecture on se demande d’où le site belge tire ses informations. En effet, depuis dimanche dernier, le Mexique aura bien remporté 11 des 25 Gold Cups organisées depuis 1963 (et non pas 6 de 15 comme l’affirme La Dernière Heure) et le Canada a malgré tout gagné deux fois ce tournoi (en 1985 et en 2000).
L’explication est que La Dernière Heure, tout comme Eurosport d’ailleurs, font leurs calculs à partir de 1991, année où la Coupe des nations de la CONCACAF, rebaptisée Gold Cup, a été dissociée des qualifications pour la Coupe du monde (ie. à partir de cette date, le pays vainqueur n'est plus automatiquement qualifié pour la phase finale du Mondial). Un tel biais, éventuellement justifiable, élimine toutefois les trois victoires antérieures du Costa Rica, et celle de Haïti en 1974. Surtout, il accentue la polarisation actuelle de cette compétition entre les Etats-Unis et le Mexique. A ce sujet d’ailleurs, notons tout de même que, contrairement aux affirmations de La Dernière Heure, les Etats-Unis ont bel et bien réussi à battre le Mexique en finale, en 2007 : une seule fois sur six rencontres, soit, mais ne lui boudons pas ce plaisir!
Les autres (nombreux) médias qui ont couvert cette rencontre sportive jouent prudemment en reprenant les notes AFP, avec quelques variantes. Radio Canada, La Presse et L’Equipe choisissent de parler un peu plus des équipes. Nous apprenons ainsi que le Mexique a gagné malgré l'absence de ses trois meilleurs attaquants et que, du côté étasunien, c’est le jeune milieu de terrain Christian Pulisic qui a été « de loin le meilleur joueur » de cette rencontre. Le média sportif québécois le Réseau des sports, Le Soir, La Liberté et Le Courrier du Vietnam soulignent, pour leur part, que l’équipe mexicaine était soutenue par de nombreux supporters dans les gradins du stade Soldiers Field de Chicago. Rien de très surprenant lorsque l’on sait que Chicago est la deuxième ville « mexicaine » des Etats-Unis (6% de sa population, soient presque 700.000 personnes en 2011, sont d’origine mexicaine).
Les dessous de la Gold Cup
Mais si la victoire est douce (pour les mexicains), elle est vite déplacée par les polémiques.
Tout d’abord, explique SoFoot dans un autre article, l’image progressiste de la Fédération internationale de football association (FIFA) et deux de ses confédérations affiliées, la Concacaf et la Confédération sud-américaine de football (CSF ou CONMEBOL, qui regroupe 10 pays sudaméricains), se retrouve écornée. En effet, ce dimanche 7 juillet était une journée footballistique un peu trop chargée au goût de certains : en l’espace de 10 heures se sont jouées la finale de la Coupe du monde féminine, celle de la Copa América, entre le Brésil et le Pérou, et notre Gold Cup mexicaine…. Comment expliquer que les finales de trois compétitions majeures aient été organisées le même jour ? Plus encore, pourquoi la finale de la Coupe du monde féminine, qui –note SoFoot– aurait logiquement dû occuper seule le haut de l'affiche ce dimanche, a-t-elle été privée de « prime-time » et placée en ouverture de deux autres rencontres masculines ? Les explications du président de la CONCACAF, Victor Montagliani, au New York Times, alléguant la simple erreur, ne semblent pas convaincre SoFoot.
Quelques jours après cette finale, L’Equipe revient à son tour sur le tout nouveau mécanisme de qualification adopté par la Concacaf pour décider quelles des 41 équipes nationales de sa région participeront à la Coupe du monde 2022. Les responsables de la Concacaf expliquent que ce nouveau format garantira un plus grand suspens. Le quotidien sportif français souligne qu’il va surtout faciliter encore la donne pour les deux grandes équipes de la zone, le Mexique et les États-Unis, qui ne disputeront plus seize, mais seulement dix match de qualification. Une nouveauté d’autant plus suspecte lorsque l’on sait que les États-Unis avaient été tout près de ne pas être qualifiés en 2018.
Heureusement, pour nous réconcilier avec ce sport, Le Monde publie un reportage photo consacré aux jeunes footballeuses de l’Académie de Gonzo de Tijuana ; une initiative impulsée pendant la « guerre des cartels », pour donner des armes et un horizon aux filles des quartiers défavorisés. Et pour nous rappeler que le foot est une grande famille, L’Equipe, France Football et Le Lensois nous apprennent que Steveen Ribery, le petit frère de Franck, vient de « trouver un accord de principe avec le Deportivo Toluca » et devrait donc prochainement signer un contrat de trois ans avec le club mexicain.
Pertes et fracas
Autre nouvelle « fracassante » (le mot de l’été semble-t-il) de la semaine, la démission du ministre des finances mexicain, Carlos Urzúa, ce mardi. Alors que Le Figaro restitue la lettre du ministre, largement diffusée sur twitter, et la réaction du président Andrés Manuel López Obrador, Le Monde opte pour un début de contextualisation de la situation : « le départ surprise et fracassant de son ministre des finances, Carlos Urzúa, a provoqué la plus grave crise depuis son entrée en fonction sept mois plus tôt. De quoi renforcer les inquiétudes sur la gestion du premier président de gauche de l’histoire récente du Mexique ». Cette démission, rappellent les deux quotidiens français, est la quatrième d’un membre important du gouvernement depuis le mois de janvier. « Un camouflet pour AMLO », poursuit Le Monde, « qui a réagi en postant une vidéo sur Twitter présentant le successeur de M. Urzúa, Arturo Herrera, jusqu’alors ministre délégué aux finances ». Le Figaro souligne que « selon certains experts, cette démission pourrait déboucher sur un assouplissement de la politique fiscale et une hausse des dépenses publiques » ; ce qui ne semble pas rassurer le patronat mexicain, qui souhaiterait apparemment un peu moins de tensions (et de fracas) au sein du gouvernement.
© Masiosarey, 2019