"Vamos a cantar la canción del mexicano, Ouille!", Marcel Amont, 1962
Voilà comment Marcel Amont annonce, "Ouille", sa chanson Le Mexicain, en 1967...
Le chanteur, 90 ans aujourd'hui, continue de symboliser la "quintessence du chanteur fantaisiste" à la française qui, selon Martin Pénet de l'émission Tour de chant de Radio France Musique, "n'a pas son pareil pour faire d'une chanson un sketch". En effet, Marcel Amont ne se ménage pas pour interpréter cette chanson, composée en 1962 par Charles Aznavour et Jacques Plante, et qui le propulsera en haut des podiums. Affublé d'un chapeau mexicain, voire même déguisé en mariachi, il parsème l'interprétation de roulements de langues, de cris, typiquement mexicains et arrive même à réaliser le célèbre "falsete" (son légèrement plus aigu que la voix naturelle) des chansons de mariachis.
En octobre 2018, Marcel Amont et Charles Aznavour enregistrent un duo pour interpréter Le Mexicain. Ce sera le dernier pour Charles, décédé un mois plus tard.
Un mexicain basané...
Les stéréotypes ont la vie dure! Les français restent ainsi persuadés que les mexicains passent leur temps à faire la sieste, abrités sous leur sombrero. Pas étonnant alors que Francis Veber, qui réalise en 1980 son film La Chèvre au Mexique, soit surpris de l'efficacité du personnel mexicain de son hôtel à Acapulco (voir Masiosarey).
La chanson reprend en autre poncif sur le Mexique, celui de son armée mexicaine et de son appétence pour les révolutions : "C'est vrai qu'il n'est général que depuis hier". La principale caractéristique de l'armée mexicaine est d'avoir des officiers en surnombre, mal préparés et désorganisés (voir Le Figaro pour plus de détails).
Bien entendu, ce n'est pas cette chanson qui est à l'origine de ces stéréotypes, mais les paroles néanmoins en disent long sur la manière dont les français perçoivent le Mexique (en tout cas dans les années soixante)...
©Masiosarey, 2019
Le Mexicain, 1967
Un Mexicain basané Est allongé sur le sol Le sombrero sur le nez En guise en guise en guise en guise en guise en guise de parasol.
Il n'est pas loin de midi d'après le soleil C'est formidable aujourd'hui ce que j'ai sommeil. L'existence est un problème à n'en plus finir Chaque jour chaque nuit c'est la même: il vaut mieux dormir.
Rien que trouver à manger, ce n'est pourtant là qu'un détail Mais ça suffirait à pousser un homme au travail. J'ai une soif du tonnerre, il faudrait trouver Un gars pour jouer un verre en trois coups de dés.
Je ne vois que des fauchés tout autour de moi Et d'ailleurs ils ont l'air de tricher aussi bien que moi. Et pourtant j'ai le gosier comme du buvard, du buvard Ça m'arrangerait bougrement s'il pouvait pleuvoir.
Voici venir Cristobal, mon Dieu qu'il est fier C'est vrai qu'il n'est général que depuis hier. Quand il aura terminé sa révolution Nous pourrons continuer tous les deux la conversation.
Il est mon meilleur ami, j'ai parié sur lui dix pesos Et s'il est battu je n'ai plus qu'à leur dire adios. On voit partout des soldats courant dans les rues Si vous ne vous garez pas ils vous marchent dessus.
Et le matin quel boucan, sacré non de nom Ce qu'ils sont agaçants, énervants, avec leurs canons. Ça devrait être interdit un chahut pareil à midi Quand il y a des gens, sapristi, qui ont tant sommeil.
La la la ...
Paroles: Jacques Plante
Musique: Charles Aznavour