La "guerre de la tomate"
La tomate rapporte beaucoup de devises étrangères au Mexique. Ses ventes à l'export ont en effet plus que doublé depuis une dizaine d'années, conférant au Mexique la place enviée de premier exportateur au monde, devant les Pays-Bas. En 2017 (chiffres les plus récents disponibles, publiés par l'Atlas agroalimentario 2018 du SIAP), pas moins d'un million et demi (1.576.000) de tonnes de tomates mexicaines ont ainsi quitté le territoire, principalement vers les Etats-Unis* mais aussi vers le Canada, un marché potentiellement porteur. La production totale, également en croissance constante depuis 2013 (et 10ème au classement mondial) s'élève quant à elle à plus de 3 million de tonnes, toujours en 2017**.
La tomate mexicaine est principalement produite dans l'Etat du Sinaloa (plus de 900 milles tonnes en 2017), mais les autres états traditionnellement producteurs ont, eux aussi, vu leurs tonnages décoller. L'Etat de San Luis Potosí, par exemple, a multiplié sa production par trois depuis 2012, ce qui lui permet de se hisser à la deuxième place nationale.
Ce dynamisme maraîcher n'est pourtant pas si bien vu par son principal client. Et les Etats-Unis seraient apparemment prêts à réouvrir une "Guerre de la tomate". Pour rappel, en 1996, les producteurs de tomates de Floride avaient mené une offensive auprès du Département du Commerce étatsunien, accusant les producteurs mexicains de concurrence déloyale pour pénétrer le marché. L'accord trilatéral (ALENA) avait suspendu l'enquête en cours, et le Département du commerce avait alors négocié un accord spécifique (dit "de suspension") avec les producteurs, établissant le respect de prix garantis. En 2012, une nouvelle pétition des producteurs de Floride avait réactivé la controverse commerciale***. L'Accord de suspension avait alors été rénové, évitant ainsi des mesures protectionnistes de la part des Etats-Unis. Malheureusement, cet accord arrive à son terme en 2019... ravivant la controverse.
Le président Donald Trump a d'ores et déjà déterré la hache de guerre en décidant, ce mardi 7 mai, d'annuler l'Accord de suspension et d'augmenter les tarifs douaniers à 17,5% pour la tomate mexicaine, au motif de la mise en application de mesures anti-dumping (Expansión). Une décision qui devrait plaire à un partie de son électorat en Floride, mais qui augmentera probablement les prix du Ketchup!
"La guerre de la tomate" est officiellement déclarée!
©Masiosarey, 2019