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Frontières troubles. Semaine du 19 au 24 mars 2019


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Alors même que le Procureur général des Etats-Unis offre un répit (temporaire?) à Donald Trump –au terme de l’encombrante enquête menée pendant deux ans par le conseiller spécial Robert Mueller–, voilà qu’une nouvelle caravane de migrants centraméricains s’élance vers ce pays. De quoi permettre à Donald Trump de rependre son bâton de pèlerin-constructeur de mur et, accessoirement, de maintenir sa cadence effrénée de tweets (ce weekend, note le Washington Post, le Président étasunien aurait en effet envoyé pas moins de 52 tweets en 34 heures !).

La Presse (23/03/2019) et Europe 1 (24/03/2019), via l’AFP, nous expliquent ainsi qu’un millier de centraméricains et plusieurs centaines de cubains s’apprêtent à traverser le Mexique, depuis Tapachula au Chiapas, escortés –nous rassure-t-on– par des policiers et une ambulance de la protection civile.

Face à l'afflux de caravanes de migrants l'année dernière, expliquent les deux médias français, les autorités migratoires mexicaines avaient mis en place un "programme urgent" destiné à régulariser la situation de milliers d'étrangers au Mexique. Mais, depuis le 28 janvier, le Mexique a suspendu ce programme, et les migrants doivent dorénavant s'adresser aux ambassades mexicaines dans leurs pays d’origine. Coincés, les migrants se lancent donc en caravane et sous escorte vers la frontière, et vers l’état du Tamaulipas, tristement réputé pour les exactions commises précisément contre ces populations vulnérables.

Mais voilà que ce dimanche justement, Médiapart (24/03/2019) nous apprend, via l'agence Reuters, que les autorités mexicaines viennent d’arrêter 107 migrants originaires d'Amérique centrale qui cherchaient à entrer aux Etats-Unis par la ville de Reynosa, dans le Tamaulipas. Et là, les articles publiés ce week-end dans la presse francophone ne nous permettent plus de comprendre la situation.

Les affrontements qui ont accompagné l'opération de Reynosa laissent en effet entendre que ces centraméricains étaient sous le contrôle d'un groupe armé de passeurs (coyotes). Dès lors, ces 107 personnes ont-elles été arrêtées ou libérées par les forces de l'ordre? Et où se trouve, pour le migrant, la frontière entre ce qui est toléré (traverser le pays en caravane?) et ce qui est illégal (passer la frontière avec l'aide de passeurs?). Plus largement, existe-t-il une ligne à ce sujet? Assiste-t-on aux difficultés des autorités à gérer une terrible situation de chaos ou à l’établissement d’une ligne pragmatique sur un sujet finalement peu susceptible de mobiliser l’opinion nationale ?... En somme, le Mexique laisse-t-il passer les migrants centraméricains, ou les retient-il? Au début du mois, un article paru dans The New York Times (02/03/2019) taxait le gouvernement mexicain de faire le jeu des Etats-Unis en assumant de facto le rôle tant décrié de "tercer país seguro” (ou zone de contention des flux migratoires vers son voisin du Nord). Le débat est donc largement ouvert.

Autre voie critique cette semaine, celle de Jean Meyer sur Radio Canada (24/03/2019). L’historien franco-mexicain propose un panorama de ce qu'il appelle la “transition permanente mexicaine” (en marche depuis le siècle dernier), mais aussi des relations qu'entretient le Mexique avec ses deux voisins du Nord (avec le Canada notamment, via le catholicisme). En fin d’entretien, Jean Meyer exprime également ses inquiétudes face au récent retour de la figure d’un président tout puissant, qui au nom de l’austérité républicaine, centraliserait le pouvoir. Toutefois, nous dit-il, Andres Manuel Lopez Obrador ne cherche pas une réélection. Son champion, prédit-il, sera une femme, jeune et brillante, pour qui l’actuel président a beaucoup d’estime : une certaine Claudia Sheinbaum. A suivre donc...

Avec cet entretien, Radio Canada inaugure une série de reportages sur le Mexique. A guetter assurément!


©Masiosarey, 2019


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