1946 : le Grand prix du festival de Cannes est mexicain!
Cette année-là, le premier festival de Cannes s'ouvre un 20 septembre. 50 films de 19 pays sont en compétition et le jury est présidé par l'historien Georges Huisman. Deux films mexicains sont présentés dans le cadre de la sélection officielle : Los tres mosqueteros, réalisé en 1942 par Miguel Delgado, avec Mario Moreno (dit Cantinflas), et María Candelaria, d'Emilio (dit "El Indio") Fernández avec Dolores del Rio et Pedro Armendariz.
Avec María Candelaria, c'est Xochimilco, photographié en noir et blanc par Gabriel Figueroa, qui s'invite sur les écrans du casino municipal! Le film repart avec le Grand Prix et le Prix du meilleur opérateur pour Gabriel Figueroa. Sauf que cette année-là, il y aura eu, en tout, 11 Grands Prix... En effet, à l'époque, tous les pays participants repartaient avec quelque chose. Mais ne boudons pas notre plaisir, le film a concouru dans la même catégorie que Gilda de Glenn Ford, Les enchaînés d'Alfred Hitchcock, la Belle et la Bête de Jean Cocteau ou encore de La bataille du rail de René Clément.
1951, une autre année importante pour le Mexique. Le jury remet le Prix de la mise en scène à Luis Buñuel. Espagnol, marié à une française, Luis Buñuel arrive en 1947 au Mexique, où il réalisera de nombreux chefs d'oeuvres (21 films au total). 1951, une année particulièrement féconde pour le cinéma en langue espagnole; un tiers des films en compétition auront été réalisés dans cette langue. Mais seul le film de Buñuel, Los Olvidados, repartira avec un prix. En tout et pour tout, 7 films de Buñuel réalisés au Mexique auront fait partie de la sélection de Cannes. Parmi eux, 4 auront été primés. Viridiana gagnera la Palme d'or (ex aequo) en 1961.
Tout comme le chef opérateur Emmanuel Lubesky semble aujourd'hui porter chance aux réalisateurs mexicains sélectionnés aux Oscars, Gabriel Figueroa a été impliqué, en son temps, dans de nombreux succès primés à Cannes : les films de El Indio Fernández, puis dans ceux de Luis Buñuel. Gabriel Figueroa a également été le directeur de la photographie de Pedro Paramo, réalisé par Carlos Velo, et dont le scénario fut adapté ni plus ni moins que par Carlos Fuentes. Pedro Paramo a été sélectionné à Cannes en 1967,
Mais, après l'euphorie des années 50-60, le cinéma mexicain expérimente une traversée du désert. Pendant deux longues décennies, presque aucun film mexicain ne sort à l'international et seul Arturo Ripstein réapparaît à intervalles réguliers dans la sélection cannoise. L'âge d'or du cinéma mexicain s'est achevé pour laisser place à une période certes productive mais qui laisse peu de souvenirs impérissables. Il faut attendre les années 2000 pour voir réapparaître une proposition cinématographique pour le moins percutante et qui fait mouche, avec Carlos Reygadas (dont deux des trois films en compétition ont été récompensés par le jury), Guillermo del Toro, Alejandro Gonzalez Iñarritu, Michel Franco et beaucoup d'autres.
Depuis quelques années, une "nouvelle vague" de réalisateurs primés envahit donc les salles obscures et, dans son sillage, le cinéma mexicain se développe. En 10 ans, rapporte France Info, la production de films mexicains est passée de 10 à 120 films par an. En 2017, la production mexicaine a même atteint un record avec 176 films sortis dans l'année. 45 % de ces films ont été produits sans aide gouvernementale et 30% sont des co-productions internationales. Enfin, bonne nouvelle et signe d'un secteur véritablement dynamique, 54% de ces 176 films étaient des premiers films. Un seul petit bémol toutefois : malgré une augmentation des entrées globales en 2017 (7 millions de plus qu'en 2016), les mexicains ont vu moins de films mexicains que l'année précédente (une baisse de 24%). Les résultats restent toutefois honorables pour 2017, avec plus de 22 millions d'entrées pour des films mexicains. Quant aux goûts du public? Sachez que les mexicains préfèrent décidément les comédies et les comédies romantiques nationales (84% des films mexicains vus.
L'industrie du cinéma au Mexique montre donc une vitalité exceptionnelle. En 2016, les mexicains ont dépensé deux fois plus d'argent pour aller au cinéma que pour acheter des livres. Et plus d'un million de spectateurs se sont pressés dans les salles de la Cinetaca nacional, confirmant ainsi le succès de la programmation de qualité. Et le Tour de ciné Français, vous demanderez-vous? Et bien, présenté dans 129 salles de 74 villes, il a obtenu en 2017 22.000 entrées de plus qu'en 2016, atteignant près de 338.000 spectateurs. Quant au bilan de 71 éditions du festival de Cannes pour les mexicains : Trois Palmes d'or (dont deux pour des Courts métrages), un Grand Prix, deux Prix "Un certain regard"... Qui dit encore que le cinéma mexicain ne vaut rien?
Pas d'idée pour cette fin de semaine? Allez donc au cinéma, voir des films mexicains ! Ou alors achetez des livres...
©Masiosarey, 2018
Tous les chiffres proviennent de CANACINE, 2017.
Films mexicains dans la sélection officielle : 2015: Chronic, de Michel Franco – USA (Prix du scénario) 2013: Heli, de Amat Escalante – Mexique (Prix de la mise en scène) 2012: Post tenebras lux, de Carlos Reygadas – Mexique France et Pays Bas (Prix de la mise en scène) 2010: Biutiful, de Alejandro González Iñárritu – Espagne/Mexico (Prix d'interprétation masculine et Prix Vulcain de l'artiste technicien) 2007: Stellet Licht, de Carlos Reygadas – Mexique (Prix du Jury) 2006: El Laberinto del Fauno, de Guillermo del Toro – Espagne et Mexique 2006: Babel, de Alejandro González Iñárritu – France, USA et Mexique (Prix de la mise en scène et Prix Vulcain de l'artiste technicien) 2005: Batalla en el cielo, de Carlos Reygadas –France, Belgique, Allemagne et Mexique 1999: El coronel no tiene quien le escriba, de Arturo Ripstein – Mexique 1994: La reina de la noche, de Arturo Ripstein – Mexique 1974: El Santo Oficio, de Arturo Ripstein – Mexique 1967: Pedro Páramo, de Carlos Velo – Mexique 1965: Tarahumara, de Luis Alcoriza – Mexique (Prix de la critique internationale FIPRESCI) 1963: El Angel exterminador, de Luis Buñuel – Mexique (Prix de la critique internationale FIPRESCI) 1961: Viridiana, de Luis Buñuel – Espagne et Mexique (Palme d’Or ex aequo avec Une aussi longue absence de René Colpi ) 1960: Macario, de Roberto Gavaldón – Mexique 1960: La joven, de Luis Buñuel – USA et Mexique 1959: La cucaracha, de Ismael Rodríguez – Mexique 1959: Nazarín, de Luis Buñuel – Mexique (Prix International) 1956: La escondida, de Roberto Gavaldón – Mexique 1956: Talpa, de Alfredo B. Crevenna – Mexique 1955: Raices, de Benito Alazraki – Mexique 1954: El mártir del calvario, de Miguel Morayta – Mexique 1954: El niño y la niebla, de Roberto Gavaldón – Mexique 1954: Memorias de un mexicano, de Carmen Toscano Moreno – Mexique 1953: El, de Luis Buñuel – Mexique 1953: Rossana La red, de Emilio “El Indio” Fernández – Mexique (Prix International du film le mieux raconté par l'image) 1953: Las tres perfectas casadas, de Roberto Gavaldón – Mexique 1952: La ausente, de Julio Bracho – Mexique 1952: Subida al cielo, de Luis Buñuel – Mexique 1951: Doña Diabla, de Tito Davidson – Mexique 1951: Los olvidados, de Luis Buñuel – Mexique (Prix de la mise en scène) 1949: Pueblerina, de Emilio “El Indio” Fernández – Mexique (Prix pour la partition de musique) 1946: Los tres mosqueteros, de Miguel M. Delgado – Mexique 1946: María Candelaria, de Emilio “El Indio” Fernández – Mexique (Grand Prix and Prix du meilleur opérateur)
Sélection officielle – Un Certain Regard 2017: Las hijas de Abril, de Michel Franco – Mexique (Prix du Jury) 2015: La elegidas, de David Pablos – Mexique 2014: Jauja, de Lisandro Alonso – Danemark, USA, Argentine et Mexique 2013: La jaula de oro, de Diego Quemada-Diez – Mexique (Prix Un Certain regard) 2012: Después de Lucia, de Michel Franco – Mexique (Prix Un Certain Regard) 2011: Miss Bala, de Gerardo Naranjo – Mexique 2008: Los bastardos, de Amat Escalante – Mexique, France et USA 2006: El violín, de Francisco Vargas – Mexique (Prix d'interprétation masculine) 2005: Sangre,de Amat Escalante – Mexique 2004: Crónicas, de Sebastián Cordero – Mexique Equateur 2000: Así es la vida, de Arturo Ripstein – Mexique et France 1998: El evangelio de las maravillas, de Arturo Ripstein – Mexique 1991: La mujer del puerto, de Arturo Ripstein – Mexique 1989: Santa sangre, de Alejandro Jodorowsky – Mexique et Italie
Sélection officielle – Courts métrages 2008: El deseo, de María Benito – Mexique 2007: Ver llover, de Elisa Miller (Palme d’Or) – Mexique 1998: Sin sostén,de René Castillo and Antonio Urrutia – Mexique 1996: 4 maneras de tapar un hoyo, de Guillermo Rendón Rodríguez and Jorge Villalobos de la Torre – Mexique 1994: El héroe, de Carlos Carrera (Palme d’Or ) – Mexique 1993: Me voy a escapar, de Juan Carlos Llaca Maldonado – Mexique 1971: Centinelas del silencio, de Robert Amram – Mexique 1960: Fiesta en Xochimilco, de Fernando Martínez Álvarez – Mexique
1955: Cuatlicue (sans information) 1953: La cultura mural mexicana, de Francisco de Villar – Mexique
1949: Alfabetización (sans information)
1949: Bonampak (sans information)
1949: La Camara audaz (sans information)
1949: Sor Juana (sans information)
Liste réalisée grâce au site du Festival de Cannes