Les eaux mexicaines abritent 9,8% des espèces mondiales (connues) de poissons
A l'occasion du 5ème sommet mondial de l'océan, organisé par The Economist du 7 au 9 mars 2018 à Playa del Carmen (Quintana Roo), Masiosarey s'intéresse aux poissons mexicains...
Car avec plus de 11.000 km de littoraux, le Mexique est un acteur important du secteur de la pêche mondiale. Pour ce qui est du seul continent américain, il arrive en troisième position, après le Canada (202.000 km de côtes) et les Etats-Unis (presque 20.000 km), mais bien avant le Brésil (7.4oo km).
Autant dire que la taxinomie des différents poissons mexicains est essentielle. En 1976, lorsque paraît le premier catalogue de l'Institut national de la pêche (INAPESCA, qui dépendait alors du Ministère de l'industrie et du commerce). étaient recensées 504 espèces de poissons marins, à leur tour regroupées en 101 familles, selon un système de classification établi par le scientifique russe Lev Berg en 1940*. Presque quarante ans plus tard, en 2014, la comptabilité nationale des poissons a subit une forte inflation : sont désormais identifiées 2.763 espèces de poissons ‒dont 2.224 poissons marins‒, regroupées en 265 familles. D'après Hector Espinosa-Perez**, les eaux mexicaines abritent ainsi 9,8% des espèces de poissons (eau salée et eau douce) connues au monde, La zone maritime la plus diverse est celle du Golfe de Californie, avec 20% des espèces endémiques (contre 15% pour la zone des Caraïbes).
551 espèces présentes dans les eaux mexicains sont aujourd'hui exploitées**
Avec 1,37 millions de tonnes de prises en mer chaque année et une aquaculture qui produit, pour sa part et dans le même temps, 388.000 tonnes de crevettes, crustacés et autres poissons, la pêche est un secteur économique rentable, qui emploie environ 166.000 personnes au Mexique. L'Etat de Basse Californie Sud, qui représente 19 % des littoraux, ne participe pourtant qu'à hauteur de 7,4% à la production nationale totale (chiffre INEGI de 2009). En effet, c'est l'Etat de Sonora (presque 11% du littoral mexicain) qui fournit le pays en poissons et crustacées, assurant à lui seul 44,8% du volume, suivi par le Sinaloa (17,2%).
Une norme du ministère mexicain de l'environnement (NOM-059-Semarnat-2010) recense les espèces menacées. Et Hector Espinosa-Peréz estime que 7,2% des espèces mexicaines appartiennent à une des catégories en danger. La principale menace, selon lui, est la présence croissante de poissons "exotiques", considérés comme des espèces invasives (actuellement 26 espèces recensées dans les eaux mexicaines)**. Car le Mexique est aussi un grand producteur de poissons d'ornement, principalement la carpe dorée, pour un marché qui a presque atteint 12 millions de pesos en 2016 ***.
Le catalogue de 1976, nous apprend enfin que le Huachinango, que l'on mange à toutes les sauces au Mexique, appartient à la famille des Lutjanidae, connue en anglais comme snappers, ou vivaneaux en français. Sur les étals des marchés ‒et pour les courageux qui vont à la Nueva Viga‒, sachez donc que le Lutjanus campechanus, reconnaissable à sa couleur rosée, provient du Golfe du Mexique, et que le Lutjanus Peru, toujours rosé, provient quant à lui du Pacifique.
Et, non, votre poissonnier favori n'essaie pas de vous arnaquer en vous proposant un Huachinango d'une autre couleur, car il y a (au moins en 1976)... 19 espèces de Lutjanus dans les eaux territoriales mexicaines. Le lutjanus argentiventris vire au jaune et vient du Pacifique. Le Lutjanus analis (identifié ni plus ni moins que par Cuvier) est argenté et vit dans les eaux du Golfe du Mexique. Et pour ceux que cela inquièterait, non, le Lutjanus ne figure pas dans la liste officielle des espèces menacées!
©Masiosarey, 2018
Pour faire rêver... quelques images du catalogue de 1976 :
*Instituto nacional de pesca, Catalogo de peces marinos mexicanos, 1976.
**Espinosa-Perez H., "Biodiversidad de peces en México", Revista Mexicana de biodiversidad, 2014
***SIAP, Atlas Agroalimentario, 2017