Atlasaurus or not Atlasaurus... Semaine du 15 au 21 janvier 2018
Nous ne résistons pas au plaisir de commencer la semaine (et l’année !) avec deux nouvelles dignes d’Indiana Jones. La première, relayée par la version québécoise de The HuffingtonPost (20/01/2018) et par le magazine marocain en ligne Le360 (18/01/2018), est une mystérieuse histoire de dinosaure ; ou plutôt d’un bout (quatre mètres tout de même) de queue de dinosaure, vendu aux enchères à México, ce mardi, pour la modique somme de 1,8 million de pesos. La maison de vente est on ne peut plus respectable et le contexte a priori irréprochable : une action caritative de la fondation Bancomer destinée à financer la reconstruction de centaines d’écoles mexicaines endommagées par les récents tremblements de terre. Mais voilà, ce dinosaure pourrait bien être un sauropode Atlasaurus de la période du jurassique moyen, originaire de la région de l’Atlas marocain. Et si tel était le cas, ce bout de queue n’aurait alors rien à faire dans une vente aux enchères mexicaine. Les autorités marocaines, prudentes mais éventuellement décidées à faire appliquer les conventions internationales relatives à la lutte contre le pillage du patrimoine, auraient ouvert une enquête…
La seconde, nous est rapportée par Le Monde (17/01/2018), Futura-Sciences (19/01/2018) et Sciences et Avenir (22/01/2018). Il s’agit de la découverte dans le Yucatán d’un immense labyrinthe de galeries submergées, long de quelques... 347 kilomètres. Après 14 années d’exploration dans la région, le spéléologue Robert Schmittner et l’équipe du projet GAM (Gran Acuífero Maya/Great Maya Aquifer lancé en 2017) auraient finalement trouvé des connections entre deux grands systèmes sous-terrains de la péninsule : ceux de Sac Actun et de Dos Ojos. Un trésor archéologique et écologique, qu'il faut maintenant préserver, insiste le spéléologue.
De là à utiliser ces galeries immergées pour faire entrer illégalement dans le pays les queues de dinosaures marocains, il n’y a qu’un pas pour un aventurier imaginatif. Nous l’avons toujours dit : tout scénariste en mal d’inspiration devrait venir au Mexique !
2017, L'ANNÉE LA PLUS VIOLENTE DEPUIS VINGT ANS
Mais 2018 commence aussi avec des chiffres plus sombres, et malheureusement moins surprenants, ceux de la violence et de ses victimes.
« ...We need the Wall to help stop the massive inflow of drugs from Mexico, now rated the number one most dangerous country in the world... ». Jeudi, Le Figaro (18/01/2018) citait Donald Trump qui, comme à son habitude et à grands coups de tweets provocateurs, relançait son projet de mur frontalier en stigmatisant la dangerosité et la violence du Mexique. Comme le raconte le quotidien français, le Ministère mexicain des Affaires Etrangères a immédiatement démenti et contextualisé cette déclaration, en citant notamment les données de la Banque Mondiale pour 2015 qui, en matière de taux d'homicides, placent le Mexique (avec 18,7 meurtres pour 100.000 habitants) derrière le Brésil, la Colombie, le Venezuela, le Honduras ou El Salvador. Toutefois, force est de reconnaître que si le Mexique n’est pas le pays le plus dangereux au monde, les nouvelles ne sont pas bonnes.
25.339 homicides en 2017, un record en 20 ans. Chacun à leur façon, Europe1, Zone Bourse (21/01/2018), France Inter et France Culture (22/01/2018) commentent la publication ce week-end par le Ministère de l’intérieur mexicain (Secretaria de Gobernación) des derniers chiffres des homicides pour le mois de décembre. ZoneBourse est le plus factuel : avec une moyenne de 70 meurtres par jour, le taux d’homicide en 2017 enregistre une hausse de 25% par rapport à 2016 et de 40% par rapport à 2013… France Inter interroge le sociologue spécialiste du Mexique Jean Rivelois et le documentariste Ludovic Bonleux. France Culture retransmet un court reportage de sa correspondante au Mexique, Emmanuelle Steels, et Europe 1 souligne l’expansion de la violence à des états jusqu’alors relativement épargnés, tels que la Basse Californie, Colima, Guanajuato.
Un peu plus tôt dans la semaine, 20Minutes (16/01/2018) et Ouest France (16/01/2018) avaient rapporté la découverte d’au moins 32 corps dans des fosses communes localisées dans l’état de Nayarit. Vice (19/01/2017) avait, pour sa part, traduit et diffusé en français un article initialement publié sur son édition mexicaine, expliquant comment la légalisation de la marijuana en Californie pourrait bien affecter les affaires des cartels mexicains. A prévoir donc, et selon les spécialistes interrogés, une probable réorganisation des marchés et de la production, de possibles conséquences sur les politiques de légalisation au Mexique, mais malheureusement peu de chances de voir se réduire la violence liée à la drogue...
LA GUERRE DU FROMAGE EST DÉCLARÉE
Courrier international (19/01/2018) nous explique cette drôle de guerre, ouverte autour de l’appellation « manchego », et qui vient envenimer les négociations commerciales en cours entre le Mexique et l’Union Européenne. Jusque-là surtout relayée par la presse espagnole et britannique, l’affaire est pourtant savoureuse. L’Espagne accuse le Mexique de profiter du nom et de la réputation du fromage « manchego », un des produits agroalimentaires les plus exportés de la péninsule, pour inonder le marché nord-américain à prix cassés et avec un fromage produit localement à base de... lait de vache! Ce à quoi le Mexique rétorque que le nom « manchego », importé par les colons espagnols au XVIe siècle, a depuis poursuivi une évolution propre sur le continent américain. Et que d’ailleurs, après tout, personne n'avait demandé aux Espagnols de venir leur imposer leur fromage… A suivre, évidemment.
LA GUITARE DE COCO EST A PARACHO, MICHOACÁN
Pour conclure cette revue de presse, un retour vers le grand écran. Non plus avec Indiana Jones, mais avec Coco, le dernier film d’animation des studios Pixar/Dysney, qui continue à faire parler de lui dans les médias francophones. Cette fois, c’est la guitare de Coco qui fait couler de l’encre. Le Point, L’Express et FranceInfoTV (15/01/2018) racontent l’engouement subit du public mexicain pour cet instrument, et nous invitent à découvrir la petite ville de Paracho, dans l'Etat de Michoacán, capitale de la fabrication de la guitare, oú les rythmes de vente et de production ont doublé depuis la sortie du film. Le Michoacán, précisent dans la foulée ces médias, longtemps soumis aux exactions et à la violence du cartel des Chevaliers templiers, est une des régions qui ont le plus expulsé de migrants vers les Etats-Unis. Décidément, même Coco ne nous permettra pas d'échapper à la réalité...