Le terrible Cocoliztli était une fièvre typhoïde
La nouvelle était largement relayée hier par la presse internationale* (quoique pas, ou pas encore, par les médias francophones). Le mal qui a décimé les populations originaires du Mexique et du Guatemala au XVIème siècle, aurait été provoqué par une souche particulièrement virulente de salmonelle (Salmonella enterica Paratyphi C) amenée d’Europe par les colons espagnols.
La publication, dans la revue Nature Ecology & Evolution, des résultats d’une étude menée par une équipe internationale associant le Max Planck Institute for the Science of Human History (MPI-SHH), l’Université de Tubingen en Allemagne, l’Université de Harvard aux Etats-Unis et l’Instituto Nacional de Antropología y Historia (INAH) du Mexique, aurait finalement résolu une énigme vieille de 500 ans : la cause exacte du Cocoliztli. Depuis le XVIème siècle, ce terme nahualt –qui signifie maladie, épidémie– désignait, sans pour autant l’identifier, l’épouvantable mal à l’origine d’une des plus grandes catastrophes démographiques de l’histoire humaine (après les ravages de la peste bubonique dans l’Europe du XIVème siècle). Les deux principales épidémies de Cocoliztli (1545-50, puis 1576-1578) auraient en effet emporté entre 15 et 20 millions d'habitants de la région mésoaméricaine.
C’est une série d’analyses ADN réalisée sur des dents humaines exhumées du site de Yucundaa-Teposcolula, dans la Mixteca Alta (Oaxaca), qui a permis d’identifier l’agent pathogène. Cette souche de salmonelle, qui provoque de violentes fièvres hémorragiques, n’existe plus aujourd’hui sur les continents américain ou européen (les quelques cas identifiés sont en Asie ou en Afrique). Elle avait toutefois été retrouvée sur des restes humains enterrés en Norvège 200 ans avant l’arrivée de Christophe Colon en Amérique.
Les scientifiques restent évidemment prudents. Rien ne dit qu’un autre agent pathogène, non encore identifié ou qui n’existe plus aujourd’hui, n’ai pas eu, aussi, un rôle dans ces épidémies massives et meurtrières. Toutefois, aujourd’hui, Salmonella enterica Paratyphi C est bel et bien l’assassin présumé.
Pour en savoir plus : "Salmonella enterica genomes from victims of a major sixteenth-century epidemic in Mexico", in Nature Ecology & Evolution (2018)
* Science Daily, The Washington Post, The Guardian, ou encore le Berliner Morgen Post (entre autres...)