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Masiosarey

Semaine du 9 au 15 octobre 2017


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L’ouverture de la quatrième ronde de renégociation de l'ALENA, mercredi dernier à Arlington, dans la banlieue de Washington, et les déplacements de Justin Trudeau aux Etats-Unis puis au Mexique, sont sans aucun doute les informations qui ont été le plus relayées la semaine dernière par les médias francophones. A lire en miroir de la revue de la presse mexicaine de Masiosarey, qui est plus nuancée quant à la bonne entente entre le Canada et le Mexique!

Proximité oblige, pour bien comprendre les enjeux en présence, mieux valait lire cette semaine la presse canadienne. Et tout particulièrement le quotidien La Presse, qui a couvert avec beaucoup de précision les différents aspects de ce dossier commercial devenu hautement politique et, surtout, totalement imprévisible depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.

Ainsi, La Presse (10/10/2017) propose-t-elle un article clef pour qui veut comprendre les questions qui fachent dans les relations bilatérales entre le Canada et les Etats-Unis, en commencant par le récent conflit entre Boeing et Bombardier (l'imposition par les Etats-Unis de droits compensatoires préliminaires de presque 300 % au constructeur canadien Bombardier). Des dissensions, nous explique le quotidien, qui touchent aussi les règles d'origine, cruciales pour le secteur automobile canadien, et les mécanismes de règlement des différends commerciaux.

La Presse répète l'exercice deux jours plus tard (12/10/2017), quoique de facon moins complète, cette fois-ci pour les relations entre le Canada et le Mexique. Entre ces deux pays donc, le dossier le plus délicat est sans nul doute celui des conditions de travail -et surtout des salaires- des travailleurs mexicains, jugés insuffisant par Ottawa et assimiliés à du dumping social. Une question revenue encore récemment sur le devant de la scène alors que General Motors a menacé de transférer une partie de sa production du Canada vers le Mexique.

Mais l’accueil de Justin Trudeau (« en superstar ») au Mexique, conjugué aux menaces de « mettre un terme » à l’ALENA formulées la veille par Donald Trump, semblent avoir finalement beaucoup atténué les différends entre le Canada et le Mexique.

Comme le synthétise MagzQuébec (13/10/2017), pour sa première visite officielle au Mexique, Justin Trudeau a eu droit au tapis rouge : entretien et déclaration commune avec le président Peña Nieto (largement couverte par Le Journal de Montréal, 12/10/2017), participation à diverses rencontres, ainsi qu'à un hommage aux victimes des récents séismes et, surtout, une invitation à prononcer un discours devant le Sénat mexicain ; un discours engagé (pour des normes du travail progressistes, en faveur des femmes et contre l’isolationnisme), largement relayé par le Journal Métro (13/10/2017) et Radio canada (14/10/2017).

Cette défense d’un droit du travail plus favorable aux travailleurs a aussi –et finalement– retenu l’atention des médias francais, tels que L’Expansion-L’Express, Le Point, France24 ou France Soir (13/10/2017). Il était temps. Toutefois, tous notent également que le gouvernement mexicain botte en touche sur le sujet.

Le problème des inégalités salariales entre les pays membres reste donc entier. Mais, pour l’heure et comme l’explique à nouveau La Presse (14/10/2017) cette visite revêt un caractère hautement stratégique : il s’agit de confirmer l’engagement constructif du Canada et du Mexique dans le processus de renégociation de l’ALENA (vers la recherche d’une situation gagnant-gagnant-gagnant, pour citer le premier ministre Trudeau) et, en passant, de rassurer les acteurs économiques de tous bords, passablement inquiets des tribulations étasuniennes.

«.Ces demandes (étasuniennes) sont des capsules de poison »

Car au moment même où Justin Trudeau arrivait au Mexique, les Américains, eux, déposaient dans le cadre de cette nouvelle ronde de renégociation de l'ALENA, une série de demandes unanimement jugées « irréalistes et inacceptables ».

Les sites de la radio canadienne 985FM et de RFI (13/10/2017) expliquent de façon très claire les dernières requêtes des Etats-Unis concernant le secteur de l'automobile. Notamment celle de faire passer de 62,5% à 85% le seuil obligatoire de composants d’origine nord-américaine, pour qu'un véhicule puisse bénéficier de tarifs douaniers préférentiels. Une demande par ailleurs articulée à une clause secondaire stipulant que 50% des composants doivent provenir des Etats-Unis. Un projet auquel le Mexique et le Canada s'opposent évidemment. «...Ces demandes sont des capsules de poison destinées à convaincre les partenaires de quitter la table des négociations » publie 985FM, rapportant les propos du président de l'Association des fabricants de pièces automobiles canadiens.

Et ce n’est pas tout. Les Etats-Unis viennent également de demander l’introduction d'une « sunset clause » : une clause de résiliation qui contraindrait à renégocier l'Alena tous les... 5 ans ! Des positions pour le moins excessives dans le cadre d’une négociation multilatérale, qui amènent les observateurs canadiens à se demander ce que cherche véritablement Donald Trump. Ce, alors même que ses propres équipes semblent naviguer à vue et sans véritables propositions concrètes, comme le raconte très bien La Presse (15/10/2017). La Presse qui illustre son propos en citant une source « non américaine » participant aux discussions, qui compare le langage non verbal des négociateurs américains à celui... des moutons. Nous voilà rassurés.

Bref, même si le Canada et le Mexique jouent publiquement la proactivité, l’horizon est bien gris pour l’ALENA. Et l’opinion publique canadienne s’interroge inévitablement sur les conséquences économiques d’une résiliation de cet accord de libre-échange, à l’image de cet éditorial de Acadie Nouvelle (15/10/2017) qui se demande gravement : fallait-il un Donald Trump pour comprendre à quel point notre économie agroalimentaire n’a aucune base solide sur les marches internationaux ?

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