Semaine du 3 au 9 juillet 2017
Sommet du G20 de Hamburg oblige, la semaine mexicaine était (aussi) internationale.
Le Monde (06/07/2017) et Paris Match (07/07/2017) ouvraient la danse en annonçant, chacun à leur façon, la rencontre entre Emmanuel Macron et Enrique Peña Nieto ; Paris Match en publiant une longue série de photos illustrant « la complicité » des mandataires et de leurs compagnes sur le perron de l’Elysée ; Le Monde en plantant d’entrée l’enjeu pour le président Peña Nieto : faire de Paris un allié dans son bras de fer avec Trump. Car, les deux journaux coïncident, la re-rencontre des présidents mexicain et américain, programmée pour le lendemain, est, après plusieurs mois de crise diplomatique, un des moments attendus de ce sommet.
On prend les mêmes et on recommence...
Et effectivement, dès le lendemain, c'est une litanie familière qui occupe les colonnes des médias francophones. Le Journal de Montréal, La Provence, L’Express, Le Point, Challenges, BFMTV (07/07/2017) ou Le Figaro (08/07/2017) rapportent que, pour que les choses soient claires –et ce avant même sa rencontre avec son homologue mexicain– le président américain Donald Trump a réaffirmé sa volonté de voir... le Mexique financer son projet de mur frontalier. Et le ministre mexicain des Affaires étrangères Luis Videgaray d'insister : les deux hommes n’ont "pas parlé du sujet lors de leur rencontre" et la réunion a été "respectueuse et cordiale". Un petit sentiment de déjà lu...
Et c'est parti pour durer un moment encore, car comme le rapporte Zone Bourse (07/07/2017), la renégociation de l'Aléna devrait débuter formellement le 16 août prochain, pour s'achever, si possible, avant la fin de l'année.
Bagarre, mutinerie, combat, exécution...
... les médias francophones divergent sur la qualification de ce nouveau drame dans une prison mexicaine. Jeudi à l’aube, les affrontements à l'intérieur du centre de réinsertion sociale de Las Cruces, à Acapulco, ont en tout cas pris des dimensions préoccupantes : vingt-huit détenus sont morts, trois autres ont été blessés. Le Parisien, Le Monde, L’Avenir, L’Economiste du Maroc et Europe 1 (07/07/2017) nous racontent que la police et l'armée, appuyées par deux hélicoptères, ont finalement en cours de journée repris «le contrôle de tous les pavillons» de l'établissement pénitentiaire. Ces médias rappellent également le drame survenu en janvier dernier de la prison de Topo Chico, à Monterrey, où 49 des 3.800 détenus incarcérés, avaient été tués dans des circonstances similaires.
Ouest France (06/07/2017) et RFI (07/07/2017) nous précisent, pour leur part, que ce massacre s’est déroulé dans l’aile dite « de sécurité maximale » de la prison, et intervient le jour d’une visite du secrétaire américain à la Sécurité intérieure, John Kelly, dans l’État du sud-ouest du Mexique.
La Tribune de Geneve (08/07/2017), enfin, donne la voix aux familles et anciens détenus, pour qui ce drame est une exécution. Un acte délibéré ordonné par "le détenu" qui contrôle ce secteur de la prison, afin d'éviter une rébellion de certains prisonniers «qui n'en pouvaient plus d'être torturés et victimes d'extorsions». Selon des chiffres officiels, avec 2.200 détenus, cette prison souffre d'une surcapacité de 65%, Et, précise le quotidien suisse, «la mafia y fait la loi».
Violence toujours
Un peu plus au nord, mercredi dernier, ce sont au moins 14 personnes qui ont été tuées lors d'affrontements entre les forces de l'ordre et des délinquants présumés (affrontement qui auraient impliqué plus de 60 personnes selon les autorités locales) à Las Varas, une localité située dans une zone montagneuse isolée de l'Etat de Chihuahua. Le Figaro (05/07/2017) et Le Parisien (06/07/2017) rappellent que vendredi dernier, 17 délinquants présumés avaient été tués dans un affrontement avec la police dans l'Etat voisin de Sinaloa.
C'est dans ce contexte que RFI (05/07/2017) propose un petit décryptage de la lutte actuelle qui s'observe dans le nord-ouest du pays : entre bandes délinquantes rivales, pour prendre le controle des zones auparavant contrôlées par le Cartel de Sinaloa, aujourd'hui fragilisées par l’incarcération du Chapo Guzman.
Le Journal du dimanche (04/07/2017), lui, choisit de donner la parole à des journalistes de cette région justement, particulièrement violemment attaqués ces derniers mois : avec un titre sans équivoque : "Le Mexique, véritable cimetière des journalistes".
L’Express (07/07/2017) raconte l’histoire d’un ancien policier corrompu de l’état de México, aujourd’hui repenti apres avoir (re)trouvé la foi. Il est a l’initiative d’un regroupement de près de 5.200 policiers et militaires catholiques, certains toujours en exercice, qui vont prêcher la bonne parole auprès de leurs pairs. Le défi est de taille note l’hébdomadaire, dans un pays où l'on estime que plus de la moitié des policiers sont corrompus, selon des données de l'Institut national des statistiques (INEGI).
CCFD Terre Solidaire (06/07/2017), enfin, relaie l’appel de trois organisations de la société civile mexicaine (Serapaz, le Centre des droits humains Fray Bartolomé de Las Casas et la Mission des sœurs scalabriniennes auprès des migrants et réfugiés) à la France et au président Macron, pour appuyer la création de mécanismes internationaux de lutte contre l’impunité et un accompagnement du Mexique dans la mise en place d’une politique de défense et de protection des défenseurs des droits humains.
Et une bonne nouvelle (tout de même)
Sciences et Avenir, Enjeux & Energies, Le Dauphiné et RTBF (07 et 08/07/2017) nous apprennent l’heureuse naissance de sept louveteaux dans le parc zoologique Los Coyotes, situé dans le sud de la capitale et spécifiquement consacré à la préservation de la faune mexicaine. Ces petits loups du Mexique, cinq mâles et deux femelles, sont nés en avril et pèsent aujourd’hui entre 6 et 7 kilos. Ils n’ont jamais été en contact avec les humains et devraient être un jour libérés dans la nature. Cette espèce, originaire du sud-ouest des Etats-Unis et du nord et du centre du Mexique, a commencé à décliner au début du vingtième siècle, en même temps que les populations de cerfs et de wapitis, dont ils se nourrissaient.
Environnement toujours (mais moins bonne nouvelle).
Actu Latino (06/07/2017) et Latina (07/07/2017) reviennent sur la vague de chaleur qui touche depuis la fin juin le nord du Mexique et particulièrement l’État du Chihuahua, avec des températures dépassant souvant les 40° C et ayant même atteind 50° C dans la petite municipalité de Moris dans la Sierra Tarahumara. Ajustement des horaires scolaires pour moins exposer les enfants à la chaleur, distribution de bouteilles d’eau et appels à s’hydrater régulièrement... les autorités se mobilisent mais sont malgré tout bien impuissantes face à ce phénomène climatique soulignent les deux médias. Et Actu Latino de citer un récent article publié dans la revue scientifique Nature Climate Change, selon lequel 30% de la population mondiale est actuellement exposée à une chaleur potentiellement mortelle durant 20 jours par an ou plus.
Environnement enfin, le site d’information Le Lézard (05/07/2017) relaie la note de l’agence Canada Newswire (CNW) qui annonce que c’est Arup, un bureau d’études britannique, qui a été sélectionnée par le Groupe aéroportuaire de la Ville de Mexico (GACM) pour élaborer le plan de durabilité du nouvel aéroport international de Mexico (NAICM). Le nouvel aéroport, rappelle CNW, devrait commencer ses opérations vers la fin de 2020, avec une capacité d'accueil d'environ 68 millions de passagers. L'objectif du GACM est que le NAICM soit durable sur le plan environnemental et qu'il soit le premier aéroport au monde à se voir décerner la certification LEED Platine v4... Pour les non-initiés, il s'agit de prouver que l'on a mis en oeuvre les meilleures pratiques internationales en matière d'écologisation des opérations aéroportuaires : utilisation de ressources énergétiques renouvelables, développement de transports publics, programmes de protection de l'environnement (des ressources en eau, de la faune et de la végétation existantes), gestion responsable des déchets, etc.
Et pour conclure, un peu de culture et un hommage.
Courrier international (04/07/2017) et La Provence (05/07/2017) reviennent sur une nouvelle découverte arquéologique en plein centre historique de la Ville de México : un tour de six mètres de diamètre, constituée de plus de 600 crânes humains a été mise à jour à l’angle du Templo Mayor par une équipe de l’institut national d’anthropologie et d’histoire du Mexique (INAH). Mentionnée dans plusieurs écrits espagnols du temps de la conquête, cet autel aurait effrayé plus d’un conquistador.
Le Monde, Le Point, SudInfo et L’Expression d'Alger rendent hommage à l’artiste mexicain José Luis Cuevas, disparu lundi 3 juillet à México à l’âge de 83 ans. Disciple de Tamayo, cette figure de la « génération de la rupture » apparue en opposition au mouvement du muralisme, a touché à tout, avec talent et provocation : peinture, sculpture, écriture, cinéma... En 1991, rappellent ces médias, José Luis Cuevas avait été fait Chevalier des Arts et des Lettres par le gouvernement de François Mitterranda France.
Masiosarey lui consacrera pochainement un article.
La Giganta (1992), José Luis Cuevas, Museo José Luis Cuevas, CDMX (wikipedia)