Les menaces à l'encontre des journalistes mexicains ont augmenté de 7% en 2016
L'Association Article 19 Mexique nous rappelle cruellement, à l'occasion de la présentation de son rapport annuel, que 103 journalistes ont été assassinés dans ce pays depuis 17 ans. Le mois de mars a été particulièrement sanglant pour eux. 3 d’entre eux ont été assassinés, 1 autre a vu son garde du corps mourir à sa place et un cinquième est aujourd’hui très grièvement blessé. Les violations à la liberté de la presse ne sont pas un phénomène nouveau au Mexique, mais depuis une quinzaine d’années elles ont pris une ampleur inquiétante.
Au niveau local, c’est l’état de Veracruz, sous le mandat de Javier Duarte (2010-2016), qui bat le triste record avec 17 meurtres de journalistes. Mais depuis quelques mois Chihuahua redevient un lieu hautement problématique pour le travail d'investigation et la dénonciation d'abus. En l’espace de 4 mois, deux journalistes, Mirosalva Breach et Adrián Rodríguez, et deux activistes environnementaux, Juan Ontiveros et Isidro Baldenegro, y ont été tués. Sans qu’aucune suite réelle ne soit donnée à ces cas.
Au Mexique, plusieurs organisations* se battent pour documenter ces crimes, diffuser l’information, sensibiliser le public, les autorités et l’opinion internationale. Et jeudi 6 avril ce sera au tour de l'association Article 19 Mexique et Amérique centrale de présenter son rapport annuel. Dores et déjà, le bilan est sombre. Avec un total de 426 menaces documentées contre des journalistes, 2016 enregistre une augmentation de 7% par rapport a l'année précédente. Le rapport met en avant des données encore plus inquiétantes : 53% des agressions contre la presse ont été le fait de fonctionnaires publics et 99,7% des cas sont restés sans suite. Dans le programme "La hora de opinar" du 30 mars 2017, La directrice de l'association, Ana Cristina Ruelas, s'inquiète enfin de la criminalisation dont sont victimes les journalistes; le ministère public participe à une "stigmatisation du journaliste" regrette Mme Ruelas.
Depuis la scène internationale, Reporter sans Frontières relaie également avec préoccupation la multiplication des atteintes à l’exercice du métier de journaliste au Mexique. En février, l’ONG basée à Paris et aujourd’hui présente dans 130 pays, a classé le Mexique au 149ème rang (sur 180) dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2016.
*Comunicación e Información de la Mujer, A.C. (CIMAC), Periodistas de a Pie et le Centro de Investigación y Capacitación Propuesta Cívica A.C.
Le suivi de la situation mexicaine par Reporters sans frontières
https://rsf.org/fr/mexique
Le classement 2016 de la liberté de la presse sera accessible en ligne le 20 avril 2016
https://rsf.org/fr/actualites/classement-mondial-de-la-liberte-de-la-presse-2016-une-degradation-profonde-et-preoccupante