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Semaine du 20 au 26 mars 2017


Trump, bien occupé par son projet de loi de réforme du système de santé américain, en a apparemment un peu oublié le Mexique... En tout cas, il n’a pas –la semaine dernière– tweeté de menaces particulières à l’encontre de ce pays, menaces qui auraient à leur tour fait le buzz dans le bocal médiatique international. L’occasion donc pour les médias francophones de couvrir d’autres pans de la réalité nationale ; le décompte des actes de violence étant malheureusement l'option éditoriale la plus évidente.

VIOLENCE

Ainsi Le Figaro (23/03/2017), Challenges et Le Point (24/03/2017) rapportent-ils le meurtre de Miroslava Breach Velducea, la troisième journaliste assassinée au Mexique depuis le début de ce mois de mars.

Miroslava Breach Velducea a été tuée de plusieurs balles jeudi à l'aube à Chihuahua. Originaire de cet état, la journaliste s’était spécialisée dans le suivi du crime organisé, du trafic de drogue et des affaires de corruption touchant les autorités locales. Elle travaillait pour les journaux La Jornada et El Norte de Juarez.

Dimanche dernier, le journaliste Ricardo Monlui Cabrera avait été abattu alors qu'il sortait d'un restaurant dans l'Etat de Veracruz. Au début du mois. Cecilio Pineda avait été tué dans l'Etat de Guerrero. Il y a quelques semaines, rappellent les trois journaux français, l’ONG Reporters sans Frontières avait estimé que le Mexique était le pays le plus dangereux d'Amérique latine pour exercer le métier de journaliste. 99 reporters y ont été assassinés entre 2000 et 2016.

La Presse et Le Figaro (24/03/2017) reviennent également sur la découverte des restes de deux hommes et d'une femme près du port de Los Cabos, à proximité de l'hôtel Playa Grande, où se tenait justement une réunion nationale sur la sécurité entre les autorités locales et le gouvernement mexicain.

Ces quotidiens rappellent que, depuis 2006, plus de 170.000 personnes ont été tuées et environ 28.000 portées disparues au Mexique.

Dans ce même registre macabre, Ouest France (25/03/2017) et Europe 1 (26/03/2017) couvrent pour leur part l’apparition d’une tête humaine, samedi dans une avenue fréquentée de Cancun. Une station balnéaire qui, soulignent les 2 médias, a connu un regain de violences ces dernières semaines : il s'agirait de la 28ème mort violente enregistrée à Cancun cette année, selon la presse locale.

Le Figaro (23/03/2017) –qui décidément aura largement couvert les faits divers mexicains cette semaine–, Le Parisien (23/03/2017) et La Dépêche (24/03/2017) racontent eux l’évasion de vingt-neuf détenus de la prison de Ciudad Victoria, à travers un tunnel long de 40m, creusé dans une zone "depuis longtemps de facto sous le contrôle des détenus" selon les autorités locales.

Douze des fugitifs ont pu être rattrapés, après avoir malheureusement tué le conducteur d’un véhicule réquisitionné dans leur fuite. Cette évasion survient une semaine après la fuite spectaculaire de cinq membres du cartel de Sinaloa, que nous avions relayé ici la semaine dernière.

MUR (... tout de même)

Car l’actualité de ce chantier hautement symbolique –et problématique– reste entière. Deux appels d’offres, avec leurs cahiers des charges respectifs, ont finalement été publiés et les réponses sont attendues à la fin de ce mois de mars. Le gouvernement des États-Unis devrait alors dresser une liste d'une vingtaine de possibles entreprises candidates. Pour rappel, près de 700 entreprises ont déjà manifesté leur intérêt.

Challenges (22/03/2017) et le portail MSN (reprenant Express Business, 24/03/2017) relaient les efforts du gouvernement mexicains pour dissuader les entreprises mexicaines de participer à ce chantier. Des circonvolutions du ministre de l'Economie, Ildefonso Guajardo, confirmant qu'il n'y aura "pas de loi pour (les en) empêcher", mais que les possibles passifs en termes de réputation devraient faire l'affaire"... aux sages conseils du ministre des Affaires étrangères, Luis Videgaray, qui pour sa part invite les sociétés mexicaines "à faire au préalable leur examen de conscience".

Et ca marche! Pour le moment, notent les 2 médias européens, une seule entreprise mexicaine aurait formellement manifesté son intérêt à participer à la construction du mur : Ecovelocity, dont nous parlions déjà la semaine dernière et qui veut fournir des diodes électroluminescentes (LED) pour l’éclairage du chantier et de l’oeuvre.

Côté français aussi. La Croix, Le Monde et Challenges (21/03/2017) reviennent ainsi sur les déclarations du pdg de VINCI. Xavier Huillard, sur BFMBusiness. Car, sachez-le, le groupe ne participera pas aux différents appels d’offres lancés par l’administration américaine : par cohérence avec la réalité de l'entreprise, la culture et la manière de faire de son dirigeant et, enfin, la "sensibilité" de tous ses collaborateurs à travers le monde.

Comme le racontent ces journaux, en février Martin Bouygues avait lui aussi expliqué qu’il n’était pas intéressé par la construction de ce mur, avec un tout autre argument néanmoins : le mode de construction prévu est « une structure métallique » sur laquelle, disait-il, le groupe n’a « pas de compétence particulière ».

Pour conclure sur ce chantier, une note de Express Business (22/03/2017) reprend un article de The Wall Street Journal, qui a consulté l’appel d’offres préparé par le US Customs and Border Patrol. Le journal américain synthétise ce projet en 6 points…

1. Le mur fera au minimum 5 mètres de haut (au maximum 9 mètres) et sa base sera de 2 mètres sous terre,

2. il sera construit en béton ou dans un matériau similaire (... désolé Martin).

3. il ira de San Diego (Californie) à Brownsville (Texas).

4. il devra être résistant et pourvu de dispositifs qui empêcheront quiconque de l’escalader,

5. certaines parties du mur devront être translucides (pour voir à travers... le Mexique est si beau) et d’autres pourvues de... portes coulissantes, 6. et, enfin, la façade nord de la paroi (le côté américain, puisque pour le moment ce sont eux qui payent) devra être... “esthétique…

DU MUR ET DU MAïS…

Le mur devrait donc empêcher les individus de passer la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. Effet collatéral moins attendu, il se pourrait bien qu’il bloque en retour les exportations de maïs américain vers le marché mexicain.

En effet, comme le notent Le Point, Challenges et Le Figaro (21/03/2017), le maïs jaune est le 4ème produit américain le plus exporté au Mexique (après l'essence, le diesel et le gaz naturel). En 2016, ces exportations ont rapporté 2,3 milliards de dollars aux producteurs américains. Et paradoxalement, la filière du maïs est principalement basée dans l'Iowa, le Dakota du Nord, le Kansas, le Missouri et le Nebraska… des états qui ont voté pour Trump. Les producteurs et exportateurs de grains américains, représentés par l'US Grain Council, sont donc inquiets.

Pour sa part, le gouvernement mexicain se rapproche du Brésil et de l'Argentine, autres grands producteurs de la région. Tout en envoyant des signaux plus ou moins subliminaux à son voisin du Nord. "Le maïs américain nous coûte 198 dollars la tonne, le brésilien 210 dollars et l'argentin 217 dollars", précise ainsi à l'AFP Juan Carlos Anaya, directeur du cabinet d'analyse Grupo consultor de mercados agricolas. Acheter ce produit ailleurs qu'aux Etats-Unis entraînerait une perte de compétitivité pour l'industrie mexicaine et une hausse des prix de certains produits pour les consommateurs, a-t-il ajouté. A bon entendeur…

Après les producteurs de maïs, les secteurs américains du lait, de la viande de porc, du riz, du blé et du soja, autres grands exportateurs vers le Mexique, vont-ils à leur tour se mobiliser contre la politique protectionniste de Donald Trump?

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