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Semaine du 6 au 12 février 2017


Après plusieurs semaines au cours desquelles le Mexique a été presque exclusivement appréhendé depuis la problématique nord-américaine, les médias francophones se réintéressent progressivement aux défis intérieurs qu’affronte le pays.

SOCIÉTÉ MEXICAINE

Et, pour commencer, un coup de projecteur sur une initiative citoyenne originale et créative, qui ne pouvait être que mexicaine : le Corruptour. Tous les dimanches pendant trois mois un autobus touristique proposera gratuitement un tour guidé des hauts lieux de la corruption dans la capitale mexicaine : au total une dizaine de sites, du siège de la filiale mexicaine du groupe OHL à un arrêt de la ligne 12 du métro, en passant par le Sénat ou l’Institut national de la sécurité sociale. L’initiative, née à Monterrey, a évidemment beaucoup plus à la presse francophone... Euronews (06/02/2017), L’Humanité (07/02/2017), Le Devoir (10/02/2017) ou Delitdimages (10/02/2017) font échos à cette initiative.. Le Corruptour fait même l’objet d’une petite chronique sur FranceInfo via Dailymotion (08/02/2017).

Plus noir, la violence revient dans les colonnes de la presse francophone.

Même s’ils ne sont pas tout à fait d’accord sur le nombre exacte des victimes, 7sur7 (10/02/2017) et Métro (10/02/2017) relaient une nuit très agitée à Tépic (Nayarit) au cours de laquelle l’armée mexicaine a finalement éliminé de façon spectaculaire (et avec l’aide d'un hélicoptère Black Hawk) un chef régional du cartel de Beltran Leyva, ainsi que 11 de ses acolytes présumés. Au passage on apprend que 21 autres personnes ont été assassinées dans l’état voisin de Sinaloa au cours de la semaine dernière,

Pour sa part, L’Express (06/02/2017) annonce la publication en français d’une longue enquête menée par le journaliste Federico Mastrogiovanni, auprès de quelques rescapés et surtout des familles de victimes de disparitions forcées (victimes que l’on estime à plus de 30.000 depuis une dizaine d'années).

Vice (06/02/2017), enfin, propose à ses lecteurs une plongée photographique dans le quotidien de El Tapatio, un bidonville situé en périphérie de Guadalajara, rythmé par l'incertitude économique et le trafic de drogue.

Pour conclure, le site 8ème étage (07/02/2017) annonce un durcissement de la loi contre le féminicide. « La Chambre des Députés (Cámara de Diputados) mexicaine a (enfin) voté une réforme qui ferait du féminicide un crime grave dont les suspects devront être placés en détention préventive — les empêchant ainsi de s’enfuir ou d’intimider des témoins potentiels. Une annonce qui réjouit les défenseurs des droits de l’homme ». Comme le rappelle le site d’information, « au Mexique, en moyenne, six femmes sont assassinées chaque jour. Rien qu’en 2016, 263 femmes auraient trouvé la mort dans le seul État de Mexico, selon les chiffres avancés par le site Internet d’information mexicain El Debate ».

RELATIONS MEXIQUE-USA. DE LA DIFFICILE SITUATION DES MIGRANTS MEXICAINS

Sur le front Nord, les défis sont de taille également. Comme le rapporte Radio Canada (08/02/2017) les premiers expulsés des États-Unis arrivent à Mexico. Une centaine d’entre eux sont arrivés à Mexico en début de semaine dernière, où ils ont été reçus par le président Enrique Peña Nieto

Les journaux helvétique et canadien, Le Matin et La Presse (10/02/2017), relaient pour leur part l’appel à la prudence lancé par le gouvernement mexicain à ses ressortissants installés aux Etats-Unis, expressément invités à établir le contact avec leur Consulat en cas de problème. Le président Peña Nieto s'est d’ailleurs engagé à verser 50 millions de dollars aux représentations consulaires aux Etats-Unis afin d'apporter une aide juridique aux Mexicains vivant dans ce pays

Euronews (10/02/2017) revient avec plus de détails sur le cas de Guadalupe García de Rayos, mère de famille mexicaine expulsée jeudi dernier au lendemain d'une visite de routine aux autorités migratoires de Phoenix, Arizona. Cette décision avait déclenché des manifestations devant les bureaux de l'immigration, mais surtout beaucoup de bruit dans les médias américains et mexicains. Comme le souligne son avocat, Ray Ybarra Maldonado, “C’est un exemple flagrant de l‘échec de notre système d’immigration”. Guadalupe García de Rayos n'a “aucun recours légal pour revenir aux Etats-Unis. Elle a manqué le DACA (Programme d’action différée pour les enfants), le programme de permis de travail du président Obama de quatre mois parce qu’elle était quatre mois trop âgée, même si elle est arrivée au pays à 14 ans”. En effet, et comme le note Euronews : « Ses deux enfants et son mari ont, eux, le droit de rester aux Etats-Unis ».

Autre cas emblématique, relayé par La Presse (12/02/2017), celui d'une citoyenne mexicaine condamnée à huit ans de prison pour fraude électorale au Texas. « Rosa María Ortega, âgée de 37 ans, a été reconnue coupable de deux chefs d'accusation de vote illégal, cette semaine, pour avoir voté de façon illicite à cinq reprises entre 2005 et 2014 » Résidente permanente arrivée aux États-Unis alors qu'elle n'était qu'un bébé, elle avait cru, par erreur, avoir le droit de se rendre aux urnes, a affirmé son avocat, qui estime que les propos de Donald Trump voulant qu'une fraude massive se soit déroulée en novembre ont pesé lourd dans son procès ». Ironie du sort, Rosa María Ortega aurait voté républicain aux dernières présidentielles... Mais ou avait-elle la tête ?

Et pourtant...

Dans La Croix (06/02/2017), Angéline Escafré-Dublet, maître de conférences à l’université Lumière Lyon 2, explique que « Cette main-d’œuvre jeune, peu qualifiée et peu regardante sur les conditions de travail est essentielle au fonctionnement de l’économie américaine en assurant les tâches subalternes et mal payées dans le secteur agricole, la construction ou les services. Par leur travail, les impôts qu’ils payent, leur consommation, ils participent de manière évidente à la croissance américaine ».

Le quotidien français souligne également le consensus quasi général chez les économistes, autour de la contribution positive de l’immigration, légale ou illégale à l'économie nord-américaine. « 18 organisations professionnelles viennent de publier un document intitulé Déconstruire le mythe selon lequel l’immigration nuit à l’Amérique, qui reprend une étude de l’Institut de l’entreprise américaine selon lequel chaque immigrant contribue à la création de 4,6 emplois qui bénéficient aux « natifs »... Sans parler du rôle essentiel des étrangers hautement diplômés –ingénieurs, analystes, financiers, informaticiens–, sans qui la prospérité américaine ne serait pas ce qu’elle est ».

Les 6 et 7 févriers plusieurs médias français et suisses (Le Point, Challenges, Le Parisien, GoodPlanet, Tribune de Genève, 24heures et Le Matin) reprennent également une longue note de l’AFP sur le difficile quotidien des pisqueros (« piqueurs ») mexicains qui travaillent dans les exploitations agricoles nord-américaines; tel que Roger Medina, 23 ans, qui vit à Mexicali et travaille à Calexico de l’autre côté de la frontière. Les journées sont longues et le travail est répétitif, fastidieux et pénible. Mais il recevra 11,5 dollars l’heure. Alors qu’au Mexique le salaire horaire tourne autour de 3,5 dollars l'heure. Comme le rappelle l’AFP dans ce même article, l’institut de recherche américain Pew Center estime que quelque 540.000 Mexicains travaillent actuellement dans les champs américains.

Vers une progressive normalisation des relations entre les deux pays ?

Comme le reporte Challenges (08/02/2016), mercredi, le chef de la diplomatie mexicaine, Luis Videgaray, était reçu à Washington par son homologue américain, Rex Tillerson, avec qui « il a discuté des questions d'immigration, de sécurité et d'"infrastructures frontalières », a fait savoir le ministère mexicain des Affaires étrangères. A cette occasion, Luis Videgaray rencontrait également le secrétaire à la Sécurité intérieure, John Kelly.

Après une « bonne première réunion (...) cordiale (...) respectueuse et (...) constructive», il semblerait donc que le nouveau secrétaire d'État américain Rex Tillerson se rendra à son tour «dans les prochaines semaines » au Mexique.

Mais, comme le rappellent Métro (08/02/2017) et 20Minutes (09/02/2017), « Les deux voisins traversent leur plus grave crise diplomatique depuis des décennies ».

RÉSISTANCE A TRUMP

Et, en effet, dans l’immédiat l’heure est à la résistance…

Résistance de Vicente Fox, tout d’abord : tout aussi addicte à twitter mais, comme semble le penser L’Avenir (06/02/2017), beaucoup plus enclin au second degré...

Donald, you're a president. Behave like one. These rants are child play. Quit twitter, start being presidential. @VicenteFox 4 février 2017

Résistance aussi, mais beaucoup plus médiatique (Le Point, L’Express, Le Parisien, Challenges ou encore Europe1 du 10/02/2017), du pilote mexicain de Formule 1 Sergio Perez, qui rejoint la campagne "#BridgesNotWalls" (Des ponts, pas des murs). Comme le rappelle SportAuto (09/02/2017), le hashtag #BridgesNotWalls a été utilisé par plusieurs sportifs mexicains. L'organisation du Grand Prix du Mexique 2017 souhaite à son tour véhiculer un message positif sur le pays.

Mais Sergio Perez n'en est pas a son premier "coup de gueule". Pour rappel, en novembre dernier il avait abandonné l'un de ses sponsors, le fabricant de lunettes de soleil Hawkers, après un message moqueur à l'égard des Mexicains publié sur Twitter au lendemain de la victoire de M. Trump aux élections américaines.

Résistance, plus largement, de la population mexicaine –qui rivalise d’inventivité sur les réseaux sociaux– et qui a été invitée par près de 80 entreprises, associations civiles et universités, à participer à une large manifestation anti-mur. Organisée ce dimanche 12 février --simultanément dans une vingtaine de villes du pays-- sous le slogan #VibraMéxico (Vibre, Mexique), l'annonce cette manifestation a d'abord été relayée, dès samedi, par les médias canadiens Canoe et La Presse (11/02/2017)

Enfin, résistance de certains juges américains qui, pour le moment et comme le rappelle Libération (10/02/2017), ont annulé l’application du décret qui avait instauré le Muslim Ban» («interdiction des musulmans»). La vingtaine de procédures ouvertes dans le pays tiennent Donald Trump en échec et mat depuis 10 jours. Dans ce contexte, comme le rappelle le quotidien français, « l’administration Trump peut décider de livrer bataille sur le fond devant les tribunaux de première instance, et notamment celui de Seattle, ou demander l’intervention de la Cour suprême en contestant la décision rendue par la cour d’appel de San Francisco ».

De son coté, Donald Trump ne se laisse pas abattre. Comme le note Le Soir (11/02/2017), il a promis samedi de faire baisser «considérablement» le coût de construction du mur frontalier. Estimé pendant la campagne a quelques 10 milliards de dollars, le budget avait été revu significativement a la hausse ces dernières semaines : plus de 20 milliards de dollars.

Et puis, comme le rappelle Courrier International (09/02/2017) avec une petite vidéo retraçant la politique anti-immigration nord-américaine depuis une trentaine d’années : n'oublions pas que le mur n’est pas une idée nouvelle ni exclusive de D. Trump... une bonne ou une mauvais nouvelle?

ENVIRONNEMENT

Trump et son mur, toujours, qui représentent également une menace pour les papillons monarques qui tous les ans parcourent les quelques 4.000 km séparant le Canada des forêts du Michoacán au Mexique. Sciences et Avenir, Le Journal de Montréal et La Presse relaient les déclarations d’Alejandro Del Mazo, commissaire auprès du gouvernement mexicain en charge des zones naturelles protégées. Alejandro del Mazo rappelle la fragilité de cette population de papillons, de plus en plus menacée la déforestation, l'usage d'herbicide, les aléas climatiques et les modifications de l’environnement. En 2016, le nombre de papillons a diminué de plus d’un quart.

Toujours dans le chapitre environnement, mais plus light, Le Journal du Design (07/02/2016) (qui aime décidément beaucoup le Mexique) présente cette semaine le travail de l’agence d’architecture PRODUCTORA basée à Mexico, qui vient de terminer la réalisation d’une maison bioclimatique dans la région de Chihuahua au Mexique.

ECONOMIE

L’actualité économique de la semaine dernière était apparemment peu chargée, et relayée par une presse très spécialisée.

Le Moniteur du Commerce International (MOCI - 09/02/2017) a rappelé la déclaration de Cecilia Malmström, qui annoncait le 1er février dernier l’accélération des discussions pour moderniser l’accord de libre-échange UE / Mexique scellé en 2000.

Le Comité des Constructeurs Français d'Automobiles (CCFA - 09/02/2017) a relayé une mini-veille de l’évolution des résultats des ventes automobiles au Mexique : + 2,9 % en janvier, soient 123 034 véhicules légers neufs vendus.

Et même site CCFA (10/02/2017) a annoncé que, finalement, l’équipementier allemand ZF ne changera pas ses plans et continuera à investir au Mexique.

SPORT

Un peu plus de 50 villes, dont Athènes, Montréal... et Mexico, ont annoncé leur soutien à la candidature de Paris pour accueillir les JO 2024. «Paris-2024 a dévoilé vendredi son slogan officiel de candidature, en anglais, Made for Sharing («Venez partager»), en plaçant sa candidature olympique sous le signe du partage et de l’international » souligne L’Avenir (09/02/2017), tout en rappelant que la décision sera prise le 13 septembre prochain. En compétition: les villes de Paris, Los Angeles et Budapest.

GASTRONOMIE

Le magazine BarMag nous fait découvrir un concept original de bar à cocktails : Xaman, ouvert il y a peu dans la colonia Juarez. La carte a été réalisée par le Français Anthony Zamora, chef barman et cofondateur du lieu. Xaman a été primé parmi les 8 finalistes des Design Awards 2016 du continent d’Amérique dans la catégorie Bar.

PHOTOGRAPHIE

Finalement, pour conclure cette revue de presse et pour ne pas oublier que nous vivons dans une des plus belles villes au monde, découvrez les magnifiques photographies de Santiago Arau Pontones, promues par LonelyPlanet et accessibles sur Instagram.

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