Semaine du 30 janvier au 5 février 2017
Vu depuis les médias francophones, le Mexique semble avoir repris du poil de la bête la semaine dernière. Scepticisme (vis à vis des plans de financement du mur émis par l’administration américaine), diver-sification (économique) et patriotisme anti-Trump sont les mots clefs de notre revue hebdomadaire.
Mais les nuages persistent dans le ciel mexicain. La vulnérabilité des journalistes au Mexique, l’incertitude qui pèse –malgré tout– sur l’économie nationale... sont autant d’entrées qui dessinent un panorama contrasté du pays.
Le clin d’oeil de la semaine : la très "tendance" campagne publicitaire lancée aux Etats-Unis pour promouvoir l’avocat mexicain. Une autre façon de faire de la résistance...
Mais, une fois n'est pas coutume et n'en déplaise à M. Trump, nous commencerons cette revue de presse par un sujet qui nous concerne tous, indépendamment des frontières: la disparition de la vaquita marina dans la mer de Cortès.
ENVIRONNEMENT
France 24 (02/02/2017) et La Croix (02/02/2017) consacrent tous deux un long article à la disparition imminente du plus petit cétacé du monde, le marsouin du Pacifique.
Il n'existerait plus en effet que trente spécimens dans les eaux du golfe du Mexique; en dépit des efforts de la Marine mexicaine qui tente de les protéger des filets dérivants utilisés par les contrebandiers de totoaba, un poisson également en danger d'extinction.
"Au rythme actuel, la vaquita aura probablement disparu d'ici 2022, à moins que l'interdiction des filets soit maintenue et respectée" selon le dernier rapport du CIRVA rendu public mercredi 1er février.
Une précédente étude réalisée en 2015 avait dénombré 60 marsouins dans ces eaux. Ils étaient une centaine en 2014 et le double en 2012. "Dans un ultime effort pour sauver l'espèce, les scientifiques ont annoncé un plan de capture de plusieurs spécimens qui seront réintroduits dans une zone fermée du golfe où ils pourront se reproduire."
RELATIONS US-MEXIQUE
Après une éprouvante période de tensions, la semaine a commencé sur une touche plus légère grâce à une idée de la Maison Blanche qui a beaucoup plu aux médias ; faire financer la construction du mur par les cartels de la drogue.
Mexico circonspect à l'idée d'un financement du mur avec l'argent des cartels
"C'est incontestablement une avancée positive qu'ils mentionnent (une entité) qui ne représentent pas le Mexique, les narcotrafiquants ne sont pas le Mexique (...) On est en train de voir comment le discours est modifié", a déclaré à la chaîne Televisa le chef de la diplomatie mexicaine Luis Videgaray. Interrogé sur la faisabilité de cette proposition, il a répondu: "Je n'en sais pas plus que vous".
Au Mexique, le mur de Trump réveille le patriotisme
"Sur les réseaux sociaux, les mots-clés #TodosSomosMéxico (Nous sommes tous Mexicains) et #MiPaisEsMejorPorque (Mon pays est le meilleur parce que) font fureur, mais aussi ceux appelant à ne plus consommer de marchandises américaines : #AdiosStarbucks, #AdiosMcDonalds et #AdiosCocaCola."
"L'une des choses pour lesquelles on peut remercier Trump est que le monde sait désormais où se trouve le Mexique", note avec ironie Javier Oliva, expert en sécurité et professeur à la London School of Economics.
« Grand succès. Idée formidable »... Netanyahu tente de calmer le jeu avec Mexico après son tweet sur le mur de Trump
"Israël a tenté de dissiper les tensions avec Mexico, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu déclarant que la crise provoquée par son tweet sur le mur que Donald Trump veut construire avec le Mexique relevait d’un malentendu".
D'autant que la déclaration de Netanyahu a déclenché une vive réaction parmi la communauté juive mexicaine. Comme le note le site Atlas Info, "selon le dernier recensement, en 2010, seules 67.476 personnes pratiquent le judaïsme au Mexique, une goutte d'eau par rapport aux plus de 92 millions de catholiques que compte le pays. Mais il s'agit d'une communauté très influente"...
Et tout cela, pour ça...
Le 2 février "la Maison blanche publie, de manière inattendue, un communiqué demandant à Israël de cesser la construction de colonies, au-delà de Jérusalem-est et de la Cisjordanie. Ces colonies «n'aideraient pas à parvenir» à la paix au Proche-Orient". Comme le titre le quotidien Libération "Jour 14 : Trump tourne le dos à Israël"..
Dans la série des conversations téléphoniques plus ou moins réussies :
"Enrique Peña Nieto, et le premier ministre canadien, Justin Trudeau, se sont entretenus par téléphone aujourd'hui et ont convenus d'accélérer le renforcement des relations nord-américaines, a annoncé le gouvernement mexicain dans un communiqué."
"Lors d’une conversation téléphonique qu’il a eue avec le président mexicain, le président américain Trump aurait menacé d’envoyer des troupes au Mexique"...
... "Mexico et Washington nient que Trump ait évoqué l'envoi de troupes au Mexique"
Et pour finir, la VRAIE information de la semaine: le processus de renégociation de l'ALENA devrait débuter en mai 2017
Pour conclure avec une annonce plus concrète, 20Minutes rapporte donc que les autorités mexicaines ont finalement annoncé mercredi que la renégociation de l'accord de libre-échange entre les trois pays d'Amérique du Nord devrait débuter en mai. Un accord qualifié de « désastre total » par Donald Trump nous rappelle le journal (au cas ou nous n'ayons pas suivi).
SOCIÉTÉ
La semaine dernière, coïncidence des lignes éditoriales, la presse francophone a simultanément relayé des voix de femmes de part et d'autre de la frontière. Des témoignages très contrastés.
Tout d'abord celui de Karen, chercheuse californienne qui a grandi à Mexico, et qui n’a qu’une envie : quitter les États-Unis pour préserver sa fille d'un an. "Je ne veux pas que ma fille d’un an grandisse dans cet environnement sexiste, misogyne, raciste et xénophobe" confie-t-elle au Nouvel Obs.
Mais aussi les voix de Natacha, Maye et Nancy, qui comme 1500 autres prisonnières, vivent jour après jour dans la prison de femmes de la ville de Mexico, Santa Martha Acatitla. "Avec d’autres prisonnières, elles ont participé par leurs écrits, poèmes et réflexions au fanzine collectif intitulé « LEELATU », qui rend compte de la vie et de la survie en prison..."
Les inquiétudes de Reporters dans frontières (RSF) ont également retenues l'attention de la presse française
"RSF a dénoncé jeudi l'attitude du président américain Donald Trump envers la presse, s'inquiétant des conséquences possibles de ses propos sur les journalistes aux Etats-Unis comme à l'étranger. [...] RSF présentait à Mexico son rapport sur les périls de la profession de journaliste au Mexique, pays le plus dangereux d'Amérique latine pour exercer ce métier, a informé jeudi l'ONG, avec 99 reporters assassinés entre 2000 et 2016."
ECONOMIE
Finalement quelques éclaircies dans le ciel économique mexicain, à la faveur de transferts financiers records enregistrés entre les US et le Mexique, de velléités de diversification des partenaires commerciaux et d'une alliance prometteuse avec le constructeur automobile chinois JAC Motors.
Le journal suisse Le Temps (03/02/2017) est le seul à rapporter qu'en 2016, près de 27 milliards de dollars ont été envoyés, soit une augmentation de 8,8% en un an (évidemment, cette hausse ne peut être déconnectée de la période d'incertitude qui s'annonce pour les ressortissants mexicains installés aux Etats-Unis).
Pour leur part, Le Vif (03/02/2017), Le Parisien (03/02/2017) et La Tribune (01/02/2017) offrent à leur lecteurs un panorama synthétique (et partiel) des relations commerciales qu'entretient le Mexique avec quelqu'uns des (autres) grands acteurs de l'économie mondiale: l'UE, le Royaume-Uni et la Chine.
Le Best of:
"Dès mercredi, Mexico a annoncé un accord pour passer à la vitesse supérieure dans ses négociations avec l'Union européenne et moderniser leur accord commercial en vigueur depuis 2000 - avec des échanges pour 53 milliards d'euros en 2015 [...] Il a aussi dit vouloir négocier un traité de libre échange avec le Royaume-Uni quand ce dernier sortira de l'UE [...] Pour sa part, la Chine est déjà le deuxième partenaire commercial du Mexique, avec des échanges de 75 milliards de dollars en 2015 malgré l'absence d'accord de libre commerce entre les deux pays. Mais la balance commerciale est très déséquilibrée, le Mexique important 14 fois plus que ce qu'il exporte vers le pays asiatique." Bref, la route est encore longue... mais comme le disait Lao Tseu "Il n'est rien qui ne s'arrange par la pratique du non-agir".
Le Comité des Constructeurs Français d'Automobiles - CCFA (03/02/2017) dévoile, pour sa part, un des pans des futures renégociations de l'ALENA : la reformulation des règles d’origine applicables aux produits, selon le ministre mexicain de l’Economie Idefonso Guajardo lui même. Preuve que le Mexique garde malgré tout la main dans ce processus?
Finalement, l'investissement annoncé au Mexique par le constructeur automobile chinois JAC Motors (pas moins de 212 millions de dollars, en partenariat avec une société mexicaine) a retenu l'attention de Le Point (01/02/2017) et du CCFA (02/02/2017).
L'usine, propriété de l'entreprise mexicaine Giant Motors Latinoamerica, implantée à Ciudad Sahagun, dans l'Etat de Hidalgo, qui fabrique déjà des camions pour la marque chinoise FAW, produira deux modèles de 4x4 urbain, ou SUV pour JAC. La production devrait débuter le 28 mars avec 1.000 véhicules la première année. L'objectif est d'atteindre 10.000 véhicules par an en 2021, en direction des marchés mexicains, centraméricains et latino-américains.
Seul point totalement gris de cette semaine économique : l'incertitude grandissante autour du projet de d'usine Renault-Nissan/Daimler d'Aguascalientes.
Le Blog Auto (03/02/2017) rapporte ainsi que le futur complexe de production dénommé Compas (Cooperation Manufacturing Plant Aguascalientes) qui devait produire la nouvelle génération des compactes Infiniti et Mercedes semble en suspens, sans qu'aucun des deux grands groupes ne se prononce sur l'utilisation qui sera finalement faite de cette plateforme de production. Compas devait initialement atteindre une capacité de production annuelle à plein régime de 230 000 unités, et générer 3 600 emplois direct et quelques 12 000 emplois indirects.
Pour conclure, deux rendez-vous éco à anticiper :
- Les 25-26 avril la France organisera à Mexico un forum d'affaires réunissant des PME et entreprises de taille intermédiaire (ETI) françaises jusqu'alors sous-représentées au Mexique.
- Et la commissaire UE en charge du Commerce, Cecilia Malmström, se rendra prochainement à Mexico pour des pourparlers avec son homologue, le ministre mexicain du Commerce Ildefonso Guajardo. La date n'a pas été précisée.
TOURISME
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Dans son numéro de février, l’hebdomadaire mexicain Travel & News by Mundano consacre une large place aux destinations romantiques". La première retenue est Deauville, en hommage au film Un homme et une femme de Claude Lelouch.
SPORT
La NFL retourne au Mexique
"La NFL a annoncé mercredi la tenue d’un match au stade Azteca de Mexico l’an prochain, lors duquel les Patriots de la Nouvelle-Angleterre et les Raiders d’Oakland croiseront le fer. La date n’a cependant pas encore été déterminée".
Le Figaro - 01/02/2017
CLIN D'OEIL
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Après avoir rencontré un franc succès lors du dernier Super Bowl, la marque revient cette année avec l’opération #AvoSecrets, où elle se joue de l’engouement autour de l’avocat en créant une société secrète...