Le « Couloir culturel de Mixcoac » et son cycle de conférences sur le Mexique ancien
Vous rêvez de tout savoir sur les Chichimecas, Otomis, Teotihuacan, les Tapenacas ou encore sur les divinités Huitzilopochtli, Mixcoatl ou Tlaloc ? Ce cycle de conférences est fait pour vous !
Dans le cadre d’un accord de collaboration entre la Délégation Benito Juárez, l’Institut national d’anthropologie et d’histoire (INAH) et plusieurs institutions culturelles et universitaires du quartier de Mixcoac, le Programme « Couloir culturel de Mixcoac » propose un agenda culturel qui se renouvelle chaque semaine.
Encourager les relations entre voisins
L’idée est de créer un espace d’interaction entre les habitants, dépositaires pour beaucoup d’entre eux de la « mémoire vive du quartier » nous précise Javier Cervantes, employé de la Délégation Benito Juarez.
Ce projet est né il y a deux ans, sous l’impulsion de Chusi Arevalo, devenue depuis la responsable du « Couloir » pour la Délégation Benito Juarez, et de Luz María Fuentes, de l’Institut Mora, avec comme objectif la mise en valeur du tissu social du quartier autour d’un thème culturel. La réussite a vite été au rendez-vous. En quelques mois les dix premiers participants ont été rejoints par une petite centaine de personnes. Aujourd’hui, les visites et les conférences comptent une moyenne de quarante assistants, et un taux d’assiduité élevé.
Ce mercredi 18 janvier, dans l’auditoire (très confortable) de l’Institut Mora, c’est l’archéologue Roberto Gallegos Ruiz qui doit nous parler de l’arrivée et de l’installation des tribus de chasseurs-cueilleurs du nord du Mexique dans la vallée de Mexico.
Une Conférence adaptée au public
L’archéologue est accueilli avec joie par les habitués, car il est déjà intervenu dans le cadre de ce cycle. Il est surtout un éminent spécialiste, avec à son actif plus de soixante ans passés à l’INAH et à la tête de plusieurs sites ou campagnes de fouilles. Roberto Gallegos Ruiz a découvert dans les années soixante les tombes I et II de Zaachila, ce qui lui a permis d’établir une connexion entre les cultures Zapotèques et Mixtèques*. Il a également dirigé pendant 3 ans la principale zone archéologique du Mexique, celle de Teotihuacán. Aussi, lorsqu’il évoque la figure divine du serpent à plume et sa représentation sur ce grand site, le public est suspendu à ses lèvres.
La conférence débute d’ailleurs par-là, par le mythique serpent, et l’on comprend bien qu’il ne s’agit que d’une révision pour un public qui a déjà de solides notions d’archéologie. Roberto Gallegos Ruiz rappelle ensuite la cosmogonie de la culture de Teotihuacán, selon laquelle tous les 52 ans survient un « nouveau soleil », une nouvelle étape transcendantale pour la Cité.
Le cœur de la conférence de ce jour arrive donc avec le cinquième soleil. A cette époque (vers 800-900 Après JC), la cité de Teotihuacán est abandonnée, et les hommes du nord, les chasseurs-cueilleurs des régions de Durango, San Luis Potosí et de Querétaro, "les hommes à tête de chien", les Chichimecas, arrivent dans la région… L’archéologue Jorge Acosta, qui a retrouvé les arcs et les flèches de ces hommes dits « sans culture » dans une strate superficielle, en a déduit que leur arrivée coïncide avec la dernière étape de Teotihuacán.
Le dieu protecteur des "hommes à tête de chien", Mixcoatl, arrive avec eux. L’auditoire suit donc le chemin de ce dieu à travers la vallée de Mexico, jusque sur le Cerro de las Estrellas où il est encore possible aujourd’hui de deviner les grottes des Chichimecas.
A la faveur d’un grand saut dans le temps, nous nous retrouvons aux alentours de 1200 après J-C, sur le site de Tenayuca, au nord de l’actuelle ville de Mexico, dans la Sierra de Guadalupe, toujours avec nos cueilleurs et guerriers. L’archéologue Gallegos, lecteur assidu des codex préhispaniques, raconte la sédentarisation de ces groupes de guerriers, et leur expansion dans toute la vallée du lac de Texcoco. C’est à cette époque que des noms familiers enfin entrent dans le récit : Azcapotzalco, Xochimilco, Texcoco, Tenochtilán, Coyoacán, Chalco… autant de cités héritières des grandes migrations nordiques.
Respect pour le public!
L’exposé est dense, complet, détaillé. L’archéologue Gallegos a pris le parti de parier sur la capacité et l’intérêt du public. Et effectivement, la majorité est attentive ! Un public composé essentiellement de femmes du troisième âge. A nos questions sur cette prépondérance démographique, Javier Cervantes explique que la diffusion a surtout été faite auprès de deux réseaux locaux : l’Université du troisième âge et le groupe de Tertulia del Jueves.
Effectivement le public est exigeant et friand de détails. Mais pour le coup nous regrettons l’absence d’étudiants de l’Institution qui invite, et donc le manque de promotion. Car, en effet, quelle meilleure preuve de diffusion culturelle réussie que d’intéresser la jeune génération de « voisins » de Mixcoac à son histoire !
©Masiosarey 2017
A suivre :
22 février « Azcapotzalco y los tepanecas, Chapultepec y Coyoacán », Arq. María de la Luz Moreno
15 mars “Los Aztecas en Tenochtitlan, sus obras y testimonios en la ciudad y la cuenca de México”, arq. Margarita Carballo
Source
La Jornada, « Los arqueólogos nada podemos hacer contra el abandono : Roberto Gallegos », 2/09/2009, wwww.jornada.unam.mx/2009/09/02/cultura/a05n1cul