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Les posadas de quartier, une sortie branchée?


La ville de Mexico et ses nombreux quartiers sont le théâtre d’un étrange ballet pendant la période de Noël.

Le Marathon Guadalupe-Reyes

Après la fête de la vierge de Guadalupe le 12 décembre, commence le « marathon » Guadalupe-Reyes, une succession de fêtes qui préparent d’abord l’arrivée du petit Jesus (les posadas), puis célèbrent sa naissance (Noël) et enfin se terminent sur la visite des rois mages le 6 janvier.

Les familles organisent une posada, les amis organisent une posada, le club de gym organise une posada, l’entreprise organise une posada. Bref la posada est une fête incontournable du mois de décembre. Incontournable et traditionnelle, à tel point que les initiatives de posada dans les quartiers sont aussi monnaie courante.

Mais qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit de la recréation de l’arrivée de Marie, enceinte, et de Joseph dans les alentours de Bethléem. Rejeté par tous, le couple finit par trouver refuge dans une grange abandonnée. Et là, vous connaissez la suite…

Dès le début du XIXème siècle, cette fête, traditionnelle au Mexique, sort peu à peu des églises et des lieux de prières pour se constituer en procession et en fête de quartier. Ce qui fait dire à la marquise de Calderón de la Barca en 18**, qu’il s’agit d’un « curieux mélange entre dévotion et loisir mais dans un cadre très touchant : une ribambelle d’enfants vêtus comme des anges [se joignent] à la procession ».

La procession est rythmée par le chant traditionnel pour donner et demander « Posada » (abri) : le chœur est divisé en deux, ceux qui demandent hébergement et ceux qui répondent. Voilà pourquoi cela fonctionne si bien à l’échelle du quartier. La procession se dirige, munie de petites bougies et en chantant, de maison en maison.

La Posada, en voie de disparition ?

Mais alors que la posada de quartier est encore très présente dans les quartiers populaires de la ville de Mexico, elle a tendance à disparaître dans les quartiers les plus centraux, sous l’effet conjugué de l’insécurité et du renouvellement de population. Dans certains quartiers, les comités de voisins essaient désespérément de faire revivre la tradition et organisent chacun leur procession. Mais le succès est loin d’être au rendez-vous.

Et pourtant…

Il existe des poches de résistance. Et la pérennité de la posada de quartier dépend essentiellement de la pulsion et du degré de résistance des familles impliquées dans ce Rendez-vous annuel. Celle de la Calle 13, organisée chaque 21 décembre en est un exemple. Depuis 30 ans, elle est organisée par la famille Vazquez. Aujourd’hui encore, tous les membres de cette famille perpétuent la tradition lancée par leurs parents. Ouvert par un petit âne qui porte une jolie Marie, le cortège est constitué d’anges et de voisins, le visage illuminé par les bougies. Après avoir tapé aux portes des voisins, le petit groupe se dirige finalement vers l’église du quartier, où le prêtre, en guise de réconciliation avec cette célébration sortie depuis longtemps du joug chrétien, donne une petite bénédiction. Le clou de la soirée sera le spectacle donné par l’estudiantine de l’Université de la Salle qui exécute, avec beaucoup d’enthousiasme, les chants traditionnels de Noël.

L’espoir est permis à la vue de la foule qui participe. Malgré l’arrivée de population toujours plus jeune et déconnectée de tous liens familiaux dans ces quartiers anciens, malgré la déchristianisation en marche dans la grande capitale, malgré la croissante individualisation des habitants, les voisins sont toujours contents de se retrouver le temps de la procession. On s’embrasse, on discute, on rigole. Et puis surtout… -et malgré le caractère désuet de cette célébration-, on remarque la présence de jeunes, toujours plus dans le vent, toujours plus hippster, qui, avec leur guitare électrique, accompagnent pour un moment, la traditionnelle estudiantine.

Alors après la gastronomie mexicaine et la charrería, la posada serait-elle la prochaine candidate à l'inscription sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO ? En vertu, surtout, du fait qu’elle créé du lien social dans une société qui en a bien besoin, ne serait-ce que le temps d’un soir.

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